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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

John Stuart Mill (1875), Essais sur la religion. Traduit de l’Anglais par M. E. Cazelles. (1875)
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Une édition électronique réalisée à partir du livre de John Stuart Mill (1875), Essais sur la religion. Traduit de l’Anglais par M. E. Cazelles. Paris: Librairie Germer Baillière, 1875, 244 pp. Une édition numérique réalisée à partir d’un facsimilé de la Bibliothèque nationale de France, Gallica. Une édition numérique réalisée par Bertrand Gibier, professeur agrégé de philosophie au Lycée de Montreuil-sur-Mer (Pas-de-Calais).

[i]

ESSAIS SUR LA RELIGION

Avertissement

Les trois essais sur la religion contenus dans ce volume, ont été écrits à des époques séparées par des intervalles considérables, sans que l’auteur songeât à en former une série. Il ne faut donc point y voir un corps de doctrine bien lié, si ce n’est qu’ils nous montrent comment l’auteur a traité, après de mûres réflexions, dirigées sur toutes les parties du sujet, les questions qui en font la matière.

Les deux premiers de ces trois essais ont été composés entre les années 1850 et 1858, c’est-à-dire dans l’espace de temps qui sépare la publication des Principes d’économie politique de celle de l’ouvrage intitulé la Liberté. Durant cet intervalle, l’auteur composa aussi trois autres essais : sur la Justice, sur l’Utilité, sur la Liberté. Des cinq essais écrits à cette époque, trois ont déjà été donnés au public par l’auteur. L’Essai sur la Liberté, enrichi [ii] de quelques développements, parut sous la forme du livre bien connu qui porte le même titre. Les essais sur la Justice et l’Utilité, fondus plus tard en un seul, avec certaines modifications et additions, ont paru sous le titre d’Utilitarisme. Les deux qui restent, la Nature et l’Utilité de la Religion, nous les offrons maintenant au public avec un troisième, le Théisme, qui n’a été composé que bien plus tard. On trouverait aisément dans ces deux essais des signes attestant l’époque à laquelle ils ont été écrits. On remarquera, par exemple, qu’il n’est point fait mention des travaux de Darwin et de sir Henry Maine dans les passages où la pensée de l’auteur se rencontre avec celle de ces écrivains ; ou bien lorsque l’auteur traite des questions qu’ils ont discutées plus tard d’une façon à laquelle il n’eût pas manqué de faire allusion, si leurs travaux eussent été publiés avant l’époque où il composa ces essais.

Le dernier essai de ce volume appartient à une époque différente : il a été écrit entre 1868 et 1870, mais il n’était pas destiné à faire suite aux deux premiers après lesquels nous le donnons, ni à paraître en même temps. L’auteur considérait pourtant les opinions exprimées dans ces divers essais comme d’accord au fond. La preuve en est, qu’en 1873, après avoir achevé son Essai sur le Théisme, il avait l’intention de publier l’Essai sur la Nature, après lui avoir fait subir seulement une révision légère qu’il eût jugée nécessaire en le préparant [iii] pour l’impression, mais en substance sous sa forme actuelle. Il est donc évident que ses idées n’avaient subi aucun changement. Les différences apparentes qu’une comparaison vraiment attentive pourra découvrir entre divers passages, proviennent de ce que le dernier essai n’a pas subi les nombreuses révisions que l’auteur avait l’habitude de faire à fond avec une rigueur particulière. Ces différences peuvent résulter aussi de ce qu’on ne parle pas du même ton, et de ce qu’on paraît apprécier autrement la valeur relative des diverses considérations, quand on embrasse une question d’un point de vue plus large et qu’on tient compte pour la juger d’un plus grand nombre de considérations, que lorsqu’on n’en traite que des parties.

La publication de l’Essai sur la Nature, que l’auteur comptait faire en 1873, prouverait, s’il était nécessaire d’en donner une preuve, que s’il avait retenu le volume que nous publions, ce n’est pas qu’il hésitât à affronter l’animadversion que pouvait lui valoir l’expression libre de ses opinions sur la religion. Il est vrai qu’il ne se proposait pas de publier les deux autres Essais à la même époque, mais c’était conformément à l’habitude qu’il avait prise au sujet de l’expression publique de ses idées religieuses. En effet, en même temps qu’il mettait beaucoup de réflexion et de lenteur à se faire des opinions, il avait une répugnance particulière à émettre des opinions à demi-formées. Il refusait d’une manière absolue de s’engager [iv] précipitamment par une décision prématurée sur les questions auxquelles il ne croyait pas avoir consacré le temps et le travail nécessaires pour les étudier à fond, avec toute l’application de son intelligence. De même lorsqu’il était arrivé à des conclusions arrêtées, il ne permettait pas à la curiosité d’autrui de le contraindre à exprimer ses idées avant qu’il leur eût fait subir l’élaboration que comportait son esprit, et qu’il leur eût donné une forme en rapport avec sa pensée : il attendait donc non seulement que ses idées, mais la forme qu’il avait su leur donner, eussent subi l’épreuve du temps. Les mêmes motifs de circonspection qui le guidaient dans l’expression orale de ses opinions, lorsqu’il était nécessaire de leur donner à la fois toute leur précision et toute leur portée pour les faire bien comprendre, ce qui, d’après lui, était surtout nécessaire dans les questions religieuses, ces mêmes motifs l’avaient porté à s’abstenir durant quinze ans de publier son Essai sur la Nature, et l’auraient encore décidé à retenir les autres essais qui paraissent aujourd’hui dans le même volume.

À ce point de vue on comprendra que l’Essai sur le Théisme vaut à la fois plus et moins que les autres écrits de l’auteur. Dernier venu parmi les œuvres considérables que son auteur a achevées, cet essai nous fait connaître le dernier état de son esprit, les conclusions soigneusement pesées des réflexions de toute sa vie. D’autre part le temps n’a pas permis que cet ouvrage subît [v] la révision à laquelle l’auteur soumettait à plusieurs reprises ses écrits avant de les rendre publics. Aussi, non seulement le style en est-il moins soigné que celui des autres ouvrages qu’il a publiés, mais le sujet même, au moins dans sa forme présente, n’a jamais subi les examens renouvelés par lesquels il aurait passé, si l’auteur lui-même l’eût livré à la publicité.

HELEN TAYLOR [1].

[6]

File source: http://commons.wikimedia.org/wiki/File:J_S_Mill_and_H_Taylor.jpg



[1] [Helen Taylor (1831-1907) était la belle-fille de Mill. Après la mort de sa mère, Harriett Taylor Mill, à Avignon, elle devint un soutien et une collaboratrice pour son beau-père, elle contribua à la rédaction de l’Assujettissement des femmes (ouvrage inspiré également par les idées de sa mère) et œuvra en faveur du féminisme. (BG)]



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 28 septembre 2016 18:03
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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