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Collection « Les auteur(e)s classiques »

LA CRISE BRITANNIQUE AU XXe SIÈCLE. L’Angleterre des années 30. (1931)
Préface de la quatrième édition, 1932.


Une édition électronique réalisée à partir du livre d'André SIEGFRIED, LA CRISE BRITANNIQUE AU XXe SIÈCLE. L’Angleterre des années 30. Paris: Librairie Armand Colin, 1931, réédition 1975, 216 pp. Collection U2 Une édition numérique réalisée par Mme Réjeanne Toussaint, bénévole, Chomedy, Ville Laval, Québec.

[6a]

La crise britannique au XXe siècle.
L’Angleterre des années 30.

PRÉFACE
de la quatrième édition


Juin 1932.


Ce livre a été écrit à la fin de l'année 1930. Lorsqu'il parut au printemps de 1931, une partie de la critique anglaise et même française estima que le pessimisme en était exagéré. J'avais simplement essayé de faire un inventaire et n'avais voulu me dissimuler aucun des éléments d'un passif qui, l'avouerai-je, me paraissait non seulement sérieux, mais grave. Depuis lors, la baisse de la livre sterling, la chute du cabinet travailliste et la formation du cabinet national ont montré qu'une crise grave existait en Angleterre et que les Anglais eux-mêmes estimaient nécessaire de recourir aux moyens de défense les plus énergiques. En fait, le gouvernement recommande maintenant une baisse des salaires, une diminution des secours de chômage, un effort général de restriction, de « retranchement », comme on disait au temps de Gladstone. Ces solutions sont celles mêmes que nous avions envisagées.

L'Angleterre se prépare donc à vivre selon un équilibre nouveau ; la dépréciation de la monnaie doit du reste, spontanément, avoir pour effet de préparer un pareil ajustement. La chute de la monnaie britannique va, automatiquement en quelque sorte, diminuer le salaire réel, soulager le poids de la dette publique et des dettes [6b] privées, contribuer à faciliter l'abaissement des prix de revient. Elle va jouer à la façon d'un tarif protecteur, en même temps que d'une prime à l'exportation. Par là l'industrie britannique connaît, pour quelque temps, une période d'activité, presque d'excitation. L'Angleterre s'en réjouit, un peu trop vite peut-être, car ces avantages, outre qu'ils sont temporaires, comportent une contrepartie : le fonctionnement rendu incertain de toute l'activité commerciale et financière, basé jusqu'ici sur cette arche sainte : la stabilité de la livre.

Une crise grave s'ouvre donc, qui aboutira pour l'Angleterre à des conditions d'existence nouvelles, mieux adaptées aux circonstances, à sa propre situation, à la fatigue des efforts énormes accomplis par le pays durant la guerre. Saluons ici, avec respect, l'effort anglais : l’Angleterre a essayé de résoudre les problèmes nés de la guerre par les méthodes traditionnelles de respect d'un crédit séculaire. L'effort s'est révélé excessif, même pour l'énergie et la ténacité   britanniques.

La liquidation qui se prépare, qui est en train de se faire, a donc une grande portée. Essayons cependant de mesurer cette portée, afin de ne pas la diminuer, afin aussi de ne pas l'exagérer. Il s'agit moins d'une crise de l’Angleterre tout court que de l'Angleterre victorienne. C'est le sens de tout mon livre. J'ai essayé de montrer que l'Angleterre actuelle est encore trop largement fondée sur les principes, les méthodes, les conditions du XIXe siècle. Il faut que l’Angleterre victorienne se révise elle-même, sans merci ; le monde qui l'entoure a changé ; ce qui faisait le succès anglais de 1850 ne saurait plus faire le succès anglais de 1931. Ceci dit, il mus reste l’Angleterre tout court, l’Angleterre éternelle, [6c] pour employer l'expression des Français quand ils parlent de la France éternelle. À cet égard, nous ne pouvons être pessimistes, car il est des peuples de bonne marque, si l'on ose dire, dont la valeur, l'efficacité, les possibilités se retrouvent toujours. Le peuple anglais est, par excellence,  un peuple de  bonne marque.

André Siegfried.

Juin 1932.

[6d]


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 8 février 2015 19:24
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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