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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

CHANTIERS SOCIOLOGIQUES ET ANTHROPOLOGIQUES.
Actes du 58e colloque de l'ACSALF
(1990)
Présentation


Une édition électronique réalisée à partir des Actes du colloque de l'ACSALF 1990, CHANTIERS SOCIOLOGIQUES ET ANTHROPOLOGIQUES. sous la direction de André Turmel, avec la collaboration de Claude Bariteau et Gilles Pronovost. Montréal: Les Éditions du Méridien, 1993, 274 pp.. [Autorisation accordée par l'ACSALF le 20 août 2018 de diffuser tous les actes de colloque de l'ACSALF en libre accès à tous dans Les Classiques des sciences sociales.]

[7]

Chantiers sociologiques et anthropologiques.
Actes du 58e colloque de l’ACSALF 1990.

Présentation

Par André TURMEL

Université Laval

Le colloque de l’ACSALF, tenu en 1990 à l’Université Laval, n’était pas un colloque thématique. Il s’agissait, selon les souhaits exprimés auparavant par les membres, d’organiser un colloque général qui serait en quelque sorte un instantané quant à l’état de la recherche chez les membres de l’ACSALF à un moment donné. Les actes qui suivent répondent à cet objectif et présentent un éventail assez diversifié des préoccupations scientifiques et des orientations de recherche des sociologues québécois à ce moment là.

Qu’y trouve-t-on dès lors qui soit digne de mention et qu’on ne retrouve pas nécessairement ailleurs ? Les textes qui sont publiés p. la suite ont des particularités, sinon des singularités, qui font leur distinction. Ainsi ces actes contiennent trois textes qui sont d’orientation quantitative au sens le plus fort du terme (Béland, de Sève, Renaud et Carpentier). On sait qu’il n’est pas tout-à-fait dans la pratique des revues québécoises de sociologie de publier des textes à orientation mathématique voire même technique, alors que c’est chose courante dans la sociologie de type anglo-saxon. Qu’à cela ne tienne ! Nous estimons que cette forme de sociologie a droit de cité, qu’elle est parfaitement légitime et que tous ont à apprendre des rigueurs de la logique mathématique.

On trouvera dans ces actes un groupe de textes (Alsène ; Marchand et Simard ; Fréchet, Langlois et Bernier) sur la sociologie du travail depuis les changements technologiques jusqu’au marché du travail en passant par une étude sur les accidents du travail. On aura sans doute remarqué le regain d’intérêt que connaissent les questions du travail, ne serait-ce qu’en raison du fait que les revues recommencent à fabriquer des numéros spéciaux autour de ces questions.

[8]

Figurent également dans ces actes des textes sur les problèmes de santé (Allard et Béland), sur parenté et réseau de soutien (Ouellette et Dandurand), sur les études masculines (Dulac), sur le pouvoir d’homicide de la police (Bernheim), et enfin sur une sociologie de la musique populaire (Grenier).

Mais à tout seigneur tout honneur, ces actes s’ouvrent sur un texte de notre collègue Raymond Morris de l’Université York de Toronto qui propose une analyse assez inusitée sur : les conventions littéraires de l’écriture sociologique au Québec et au Canada Anglais. On sait que ces conventions d’écriture sont institutionnalisées dans des règles rédactionnelles par les revues notamment dont les comités de rédaction régularisent le travail d’écriture des sociologues. Quelles sont donc les particularités de l’écriture sociologique et des conventions qui la gouvernent ? Il est assez intéressant de constater que Morris trouve des différences importantes dans l’écriture dite scientifique des sociologues de chaque côté de la barrière linguistique. Qui plus est, peut-être Morris fournit-il quelques clés pour le décodage des textes qui constituent ces actes !

Alsène s’intéresse à la question des changements technologiques qu’il a étudiés dans quatre grandes entreprises opérant au Québec. Ceux-ci consistent en l’introduction de différents systèmes informatiques dans l’une ou l’autre de ces entreprises : conception et fabrication assistées par ordinateur, gestion de la production et des stocks, gestion de dossiers et gestion de magasins. L’introduction de ces nouvelles technologies s’avère fort complexe sur le plan organisationnel ; on s’aperçoit à l’usage que celles-ci nécessitent la mise sur pied de structures et de responsabilités transitoires de gestion du changement technologique.

On connait la prévalence de la question des accidents du travail au Québec. Marchand et Simard proposent une étude de la prévention de ces accidents du travail dans 98 entreprises manufacturières au Québec. Ils cherchent à savoir quelles sont les pratiques des contremaîtres de ces entreprises en matière de prévention. On connait la position sociale particulière de ceux-ci dans l’organisation en inter face avec la main d’œuvre et le personnel de gestion, ce qui les place [9] au centre de rapports sociaux complexes. Les comportements des contremaîtres prennent forme dans ce cadre.

Pour leur part, Fréchet, Langlois et Bernier s’intéressent à la précarité de l’emploi sur le marché du travail. Leur étude cherche à cerner ce problème des emplois précaires qui est devenu une caractéristique majeure de la structure du marché du travail. On peut toutefois examiner le problème autant du point de vue de la demande de travail (entreprise) que de l’offre de travail (travailleur). De ce point de vue quels sont les facteurs qui amènent les travailleurs à quitter volontairement un emploi, à travailler à temps partiel, à prendre une pré-retraite ?

Une recherche portant sur les relations de parenté et le réseau de soutien aux parents permet à Ouellette et à Dandurand de montrer, de façon convaincante, la complexité du phénomène social de la parenté. En effet celle-ci ne saurait être considérée comme un phénomène naturel au sens où, selon les termes mêmes de cette recherche, famille et parenté ne constituent pas des réseaux « naturels » d’entraide « naturelle ». Au contraire la parenté apparait comme une construction sociale variable selon les quartiers en question et négociable en fonction de la complexité des rapports sociaux inhérents.

Que les rapports sociaux entre sexes aient connus des bouleversements importants au cours des trente dernières années, tous en conviendront d’autant plus que chacun en aura peut-être fait l’expérience singulière dans sa propre trajectoire. Dulac avance de plus pour sa part que les hommes réagissent différemment à ces changements de rapports sociaux entre sexes et il identifie trois types de réactions masculines vis-à-vis des revendications féminines.

Les sociologues sont généralement mal à l’aise à l’égard des questions qui touchent la police et plusieurs préfèrent éviter soigneusement toute réflexion s’y rapportant de près ou de loin. Pourtant une sociologie de la police constitue, à n’en pas douter, un domaine en voie d’émergence dans des pays comme la France et les États-Unis, en raison notamment de la portée sociale du phénomène. Bernheim propose ici une analyse du pouvoir d’homicide de la police au Canada, c’est-à-dire de la capacité légale et juridiquement reconnue qu’ont les policiers de commettre un homicide dans certaines circonstances [10] données. Ce sont justement celles-ci qui ne sont pas toujours très claires.

On connait l’importance de toute la question de l’évaluation des politiques et des programmes dans le secteur public et de la demande sociale qui existe à ce sujet. Il s’agit là d’un problème qui préoccupe au plus haut point les spécialistes de la sociologie appliquée. Allard soumet donc une méthode d’évaluation des programmes de santé au travail dans le réseau public des départements de santé communautaire. Il distingue trois types d’évaluation, la comparative, l’évaluative et la dynamique, en montrant leurs particularités, leurs complémentarités et leurs limites.

Béland, pour sa part, examine la question de l’utilisation des services de santé dont on sait par ailleurs qu’elle constitue un problème de toute première importance, ne serait-ce qu’en raison des coûts que cette utilisation génère. Or, constate-t-il, l’effet de l’âge sur l’utilisation des services de santé est complexe : ainsi par exemple, la propension à utiliser ces services s’avère un phénomène de temporalité en ce sens que l’utilisation courante est directement liée à l’utilisation passée. L’effet de l’âge sur l’utilisation n’est pas aussi déterminant qu’on pourrait le croire à priori.

Les questions d’inégalité et de discrimination ont depuis longtemps constitué pour la sociologie un terrain privilégié de recherche et de débat. Michel de Sève s’intéresse depuis longtemps à cette question et il avait même proposé, il y a quelques années, un modèle permettant de décrire l’évolution des inégalités et de la discrimination professionnelles. Certains problèmes subsistaient toutefois quant à l’utilisation de ce modèle. Le nouveau modèle présenté ici constitue une simplification et une généralisation du premier qui en rend l’utilisation plus facile.

S’inspirant de ce nouveau courant de la sociologie américaine appelé « Event History Analysis » qui suggère des modèles formels d’analyse des transformations historiques, Renaud et Carpentier s’intéressent à un problème particulier lié à l’utilisation de cette méthode : celui de la datation des événements et par la suite d’une gestion de la base des données. Loin d’être trivial, ces problèmes possèdent une acuité certaine lorsque, comme c’est le cas des auteurs, la recherche [11] porte sur des immigrants sous scolarisés dont le rapport au temps est pour le moins problématique.

Enfin Line Grenier amorce une réflexion sur ce qui pourrait être une analyse sociologique de la musique populaire, en la centrant sur les questions méthodologiques particulières par le support de diffusion de cette musique qu’est la radio. Il ne s’agit pas dans ce cas de livrer des résultats d’analyse mais de procéder à une première mise en forme de la problématique.

André Turmel

[12]



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 21 juin 2020 15:42
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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