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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Nikos Kazantzaki. Un homme d'honneur. Essai. (2012)
Préambule


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Hanania Alain AMAR, Nikos Kazantzaki. Un homme d'honneur. Essai. HAA Éditeur, 2012, 81 pp. [Autorisation accordée par l'auteur le 21 février 2020 de diffuser ce livre en libre accès à tous dans Les Classiques des sciences sociales.]

Nikos Kazantzaki
Un homme d’honneur

Essai

Préambule

« Je n’ai en mon pouvoir que vingt-six petits soldats de plomb, les vingt-six lettres de l’alphabet : je décréterai la mobilisation, je lèverai une armée, je lutterai contre la mort ».

Nikos Kazantzaki, Lettre au Greco,
(chapitre
Le regard crétois,
page 483 de l’édition Plon 1961)

Nikos Kazantzaki ─ et non Kazantzakis, comme on peut le lire dans certaines sources qui affirment détenir l’unique vérité. Il semblerait que ce soit la volonté propre de Nikos Kazantzaki de supprimer le « s » final en français. Rappelons qu’il écrit entièrement en français son premier livre, Toda Raba. Il conservera par la suite l’orthographe « Kazantzaki » ─ est un écrivain grec, ou mieux, crétois et nous verrons que cette précision revêt une importance capitale dans sa vie et son œuvre.

Écrivain, poète, homme politique, résistant, opposé à tous les totalitarismes, marxiste-léniniste et chrétien profondément croyant, attiré par la philosophie de Bouddha…

Mais surtout, Kazantzaki est un homme d’honneur, refusant ─ lui aussi, comme Arthur Koestler et trop peu d’êtres humains ─ toute compromission. Au fond, ce sont les seuls qui m’intéressent !

Qui le connaît ou a entendu parler de lui en ce troisième Millénaire plein de bruit, de fureur, de ragots et de scandales ? Peu de gens en vérité !

Deux phrases majeures le situent parfaitement. La première à propos de la Crète : « Je tiens cette terre de Crète et je la serre avec une douceur, une tendresse, une reconnaissance inexprimables, comme si je serrais dans mes bras, pour en prendre congé, la poitrine d’une femme aimée ». La seconde est sur sa tombe : « Je n’espère rien, je n’ai peur de rien, je suis libre ». Après cela, je ne peux que fournir deux dates pour respecter la modestie de l’écrivain : Nikos Kazantzaki né le 18 février 1883 à Mégalo Kastro ou Candie devenue Héraklion en Crète, mort le 26 octobre 1957 à Fribourg-en-Brisgau en Allemagne… Je laisse le lecteur consulter la multitude de sites Internet retraçant plus ou moins succinctement la biographie de l’écrivain.

Nikos Kazantzaki rejoint l’armée de ces idéalistes relégués au rayon des antiquités ou aux oubliettes, rejetés par la mémoire-passoire de nos semblables. En 1988, seul le scandale découlant de l’adaptation cinématographique par Martin Scorcese de son livre La Dernière tentation ─ sous le titre La dernière tentation du Christ ─  a redonné vie un moment à cet écrivain précieux, honnête et indispensable !

Allez donc faire un tour dans les librairies de nos grandes cités et tentez de demander si celles-ci ont en rayon ou en stock les œuvres de Kazantzaki ? On vous répondra généralement, oui, Alexis Zorba (ou plus souvent Zorba le Grec) en format poche… Quant à l’œuvre proprement dite, soit elle est inconnue du vendeur ou bien si celui-ci est plus sérieux, il acceptera de faire une recherche sur son ordinateur pour vous dire que rien n’est disponible… Le lecteur obstiné aura plus de chance sur les sites Internet spécialisés dans la grande distribution de livres, disques et autres objets dits culturels, mais beaucoup de titres manquent à l’appel. J’ai eu la chance d’acquérir et de conserver ceux qui avaient été traduits en français entre 1950 et 1980 environ et qui vont m’être bien utiles pour le présent travail.

L’œuvre de ce grand Crétois tombera dans le domaine public en 2027 et du fait d’une absence d’accord entre ses héritiers et les éditeurs, aucune réédition ne peut être envisagée…

La journaliste Margareta Stroot de Genève s’en émeut dans un article paru dans TravelMag, site Internet:

« Si pendant les fêtes de fin d’année vous avez, comme moi, essayé d’offrir un livre de Nikos Kazantzaki à vos proches, vous vous êtes heurtés aux mêmes difficultés. Il est en effet devenu assez difficile et parfois impossible de se les procurer. Cinquante-deux ans après la mort de ce grand écrivain grec, ses œuvres les plus importantes sont en voie de devenir introuvables. Par le caractère obsolète de leur typographie et de leur présentation, les quelques œuvres qui sont encore publiées ne répondent plus aux exigences de l’esthétique moderne. La situation est la même dans plusieurs pays du monde, parmi lesquels la France, la Moldavie, la Russie et plus étonnamment la Grèce ».

Elle ajoute :


« La Société internationale des Amis de Nikos Kazantzaki, créée à Genève en 1998 à la demande de sa veuve Eleni Kazantzaki, dont le principal objectif est précisément de promouvoir sa pensée par différents moyens – études, manifestations et congrès – tire la sonnette d’alarme ».

La journaliste conclut :

« Le colloque international organisé au mois de juin 2009, relatif aux aléas éditoriaux de Nikos Kazantzaki, a mis en évidence la situation affligeante dans laquelle se trouvent les éditions de l’écrivain. A travers ses sections nationales actives dans plus de 100 pays dans le monde, l’Association a lancé une pétition visant à informer le public et a demandé à l’Etat grec d’intervenir pour faciliter l’accès du « grand public grec et international » aux œuvres de Nikos Kazantzaki, « sous une présentation convenable ». Il n’en va pas seulement de la notoriété d’un grand écrivain du XXe siècle, mais aussi de l’image culturelle de la Grèce ».

La lecture de deux ouvrages, Lettre au Gréco (un des livres de l’écrivain) et Le Dissident, biographie de Nikos Kazantzaki (écrite par son épouse, Eleni Kazantzaki) ─ sur lesquels je reviendrai ultérieurement ─ m’a profondément troublé et a failli me faire abandonner mon projet. Pourquoi ? Parce que ces deux textes sont une plongée dans l’extrême intimité de l’auteur, dans ses craintes, ses peurs, ses espoirs, ses désillusions, ses terreurs, ses joies, ses tourments, ses hésitations, ses combats et que, loin d’évoquer des faits, ils contribuent à une révélation parfois dérangeante qui aurait pu faire l’objet d’une psychanalyse ou d’une confession secrète… Je n’ai d’ailleurs pas réussi à en achever la lecture et me suis interdit d’aller au-delà de certaines pages.

En quelque sorte, ces deux livres avaient commencé à rompre le charme et mon écrivain privilégié semblait en ressortir terni ou « amoindri ». Or, je voulais à tout prix garder en moi l’émerveillement de la découverte d’un auteur que je ne connaissais pas. J’ai donc relu une grande partie des titres qui m’avaient tant apporté et laissé l’auteur s’exprimer dans sa liberté et sa relative distance avec lui-même. C’est cet aspect qui m’intéresse.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 3 mai 2021 18:26
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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