Éditorial
ÉDUQUER POUR QUE L’HUMAIN ADVIENNE
N’étant pas né tout achevé, je deviens un humain tout au long de ma vie. Dans mon Afrique natale, on dit : « Je suis parce que nous sommes et nous sommes parce que je suis » (Ngo Semzara Kabuta). Cette éducation à l’humanité s’accomplit dans la relation entre le « Je » et le « Tu » qui est au coeur de l’oeuvre de Martin Buber. Sa philosophie, dite de « la rencontre », nous est présentée par C.-M. Leroy qui en restitue, avec bonheur, le caractère à la fois profond et chaleureux.
Les relations nouées les uns avec les autres nous libèrent de nos enfermements. Elles nous créent comme sujets. Tel est le thème de la réflexion sur les mots « liberté-libération ». Elle fait suite à celle sur « personne-individu », présentée dans le premier numéro de Perso.
Cette liberté est loin d’être acquise dans la société de consommation. Celle-ci interpose entre nous ses marchandises, ses miroirs et ses écrans. Pour J. de Coulon, la « société des écrans » nous enferme. À l’opposé, écrit-il, « le mot libère » et telle est la tâche de l’éducation, dans la perspective personnaliste dont l’auteur s’inspire.
Une proposition décapante qui est prolongée par le commentaire et les réflexions d’A. Mundaya. Nous retrouvons encore dans le texte de H. Hausemer cette vocation de l’éducation à libérer l’humain qui est en nous. Pour ce philosophe personnaliste, éduquer « conduire hors de soi » implique un double retrait : celui de l’éduqué mais aussi celui de l’éducateur.
« Devenir qui je suis » : c’est sur le titre du livre de B. Lamboy, qui fait l’objet du commentaire de S. Faïk, que se referme la boucle de ce deuxième numéro de Perso.
Vincent Triest, rédacteur en chef
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