Éditorial
LIBÉRALISME… SOCIALISME… ÉCOLOGIE POLITIQUE… HUMANISME DÉMOCRATIQUE…
ET L’HOMME DANS TOUT ÇA ?
De nos jours, une forme d’humanisme semble dominer toutes les autres : c’est le libéralisme. Celui-là même qui croit en l’individu singulier et tend à reléguer l’État à la portion congrue, en exigeant notamment de lui qu’il reste neutre par rapport aux conceptions éthiques et religieuses des citoyens.
À cette idéologie que l’on peut rapprocher, côté jardin, des principes de la liberté, de la responsabilité et de la tolérance mais aussi, côté cour, des excès de l’individualisme et du tout au marché, un grand rival est habituellement opposé : le socialisme. Et pour cause. Celui-ci est précisément né en réaction contre un individualisme libéral qu’il entend, aujourd’hui encore, faire plier devant les valeurs de la solidarité, voire d’une certaine forme d’égalité.
Aux dernières nouvelles pourtant, les rouges et les bleus se sont considérablement recentrés. À droite, le néolibéralisme a d’autant moins la cote que la crise économique a fait les ravages que l’on sait. Et, à gauche, la famille socialiste, un siècle après s’être affranchie du radicalisme marxiste, est parfois pointée du doigt pour intelligence avec l’ennemi libéral.
Entre-temps, d’autres visions du monde ont fait leur apparition. À commencer par l’écologie politique. Celle-là même que certains penseurs proposent de situer sur un axe vertical. Perpendiculaire, donc, à la ligne horizontale qui sert le plus souvent à relier les adeptes (libéraux) de la priorité au marché et les défenseurs (socialistes) de l’influence de l’État.
« Dès que l’on prend conscience de cette dimension verticale, on se rend compte que les visions libérale et socialiste n’impliquent pas seulement la promotion de l’importance relative du marché ou de l’État au détriment, respectivement, de l’État et du marché, mais aussi au détriment d’une sphère autonome, explique le philosophe Philippe Van Parijs. Et on se rend compte du même coup qu’il y a place pour une troisième vision, symétrique des deux premières, qui implique la promotion de l’importance relative des activités autonomes, au détriment des activités marchandes comme des activités étatiques. Cette troisième vision pourrait être, précisément, l’écologie politique. » (Esprit n° 171, Paris, mai 1991, pp. 54-70.)
Peut-elle également accueillir certains embryons d’approche centriste, comme, en Belgique, celui du Centre Démocrate Humaniste ? Chacun répondra comme il l’entend à cette question. Et à toutes les autres, posées dans les pages qui suivent.
Ce numéro, très politique, de Perso tente de cerner les idéologies qui, ici et maintenant, portent nos principaux partis démocratiques. Il cherche aussi à appréhender les fondements anthropologiques qui les sous-tendent. Sans, du tout, se laisser distraire par les « affaires », petites phrases et autres effets de manche qui focalisent si souvent l’attention des médias.
Bonne lecture. Et bonne réflexion…
Christophe Engels
rédacteur en chef et auteur de ce dossier
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