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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

La pauvreté. Quatre modèles sociaux en perspective. (2011)
Avant-propos


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Sylvain LEFEBVRE, Gérard BOISMENU et Pascale DUFOUR, La pauvreté. Quatre modèles sociaux en perspective. Montréal: Les Presses de l'Université de Montréal, 2011, 212 pp. Collection Champ libre. [Libre accès, formatg numérique gratuit en ligne]. [Autorisation accordée, en 2021 lors d'une rencontre virtuelle par Skype, par M. Patrick Poirier, directeur général des Presses de l'Université de Montréal, de diffuser ce livre ainsi que n'importe quel livre de la collection “Libre accès” dans Les Classiques des sciences sociales.]

[7]

Avant-propos

Depuis les événements financiers dramatiques de 2008, de nombreuses analyses circulent qui font état de reculs sociaux importants en Europe et en Amérique du Nord. Les taux de chômage à la hausse, les banqueroutes des personnes et des ménages, les fermetures d'entreprises, remettent la pauvreté à l'ordre du jour des médias et des gouvernements. Cet ouvrage est, en partie, une réaction à ces discours « à chaud » à propos de la pauvreté. La pauvreté avait-elle réellement « disparue » avant la crise et est-elle uniquement une question de conjoncture économique ? Nous avons fait le choix éditorial de nous en remettre à une analyse historique afin de contrecarrer les multiples effets d'annonce, que ce soit les grands programmes politiques ou les outils conventionnels de classement, de type PNB. En partant des données structurelles qui offrent un regard plus en profondeur sur la question de la pauvreté (répartition des richesses, types de pauvreté, segments précarisés de la population), nous espérons présenter une image plus juste des transformations en cours.

De même, il nous paraît important de ne pas considérer la pauvreté et les inégalités comme une donnée externe aux [8] sociétés — rôle que peuvent jouer, par exemple, les chocs économiques —, qui nécessiterait des réponses politiques, de court terme. En renversant la perspective, et en partant des sociétés, nous avons voulu souligner que les compromis politiques, sociaux et économiques qui structurent ces sociétés « produisent » aussi certaines formes de pauvreté.

Par ailleurs, nous articulons des enseignements tirés de l'analyse économique, sociologique et politique afin de présenter une analyse la plus complète possible (bien que non exhaustive) des différentes dimensions de la pauvreté.

Pourquoi lire ce livre ?

La position développée au fil des chapitres s'articule autour de trois propositions :

1. Nous considérons les différentes formes de pauvreté comme le résultat des arrangements politiques et institutionnels de chaque société. Bien sûr la pauvreté est aussi une question de macroéconomie et s'articule à des données plus sectorielles (par exemple, le marché du logement), mais ici, nous considérons la médiatisation de cette question par les arrangements institutionnels dans les milieux de travail, de l'emploi, des mesures sociales, au sein des États, pour montrer comment ces architectures sociopolitiques influencent la production de la pauvreté et la manière dont les sociétés la traitent.

2. Nous proposons une analyse comparée qui tente d'aller au-delà des archétypes. Quand on sort des « canons » de la comparaison dans le champ de l'analyse des États sociaux, pour se pencher davantage sur des cas hybrides, qu'apprenons-nous ? Nous verrons que conclure à une convergence des États n'est pas une conclusion valide selon notre grille d'analyse.

2. En nous questionnant sur le sens des transformations en cours, nous mettons à profit cette comparaison, en illustrant,  [9]notamment dans la dernière partie de l'ouvrage, comment une analyse plus fine permet de saisir le travail distinct à l'œuvre dans les sociétés. Pauvreté et inégalités sont présentes partout, mais le sens qu'elles revêtent socialement (et sociologiquement) diffère beaucoup ; même si a priori la distance entre les sociétés diminue.

Comment le lire ?

L'ouvrage est construit en trois temps. Le premier chapitre revient sur les principales analyses des formes différenciées de pauvreté suivant les sociétés. Nous mettons en relief les principaux apprentissages, de même que les limites de ces travaux, en revenant notamment sur les difficultés liées à la mesure même de la pauvreté. Pour bien saisir comment la question de la pauvreté s'inscrit dans des configurations institutionnelles propres à chaque société, nous proposons une analyse de ses fondements autour de quatre piliers :

  • le marché du travail et ses régulations,
  • les compromis sociaux entre les acteurs syndicaux, économiques et étatiques,
  • le traitement politique réservé aux personnes pauvres,
  • les représentations sociales de la pauvreté.

Ces réflexions nous ont conduits à penser la comparaison, qui constitue le deuxième temps de l'ouvrage, en deux « morceaux » distincts. Les chapitres 2 et 3 comparent deux archétypes bien connus de la comparaison des régimes d'État social : le Danemark et la Grande-Bretagne, alors que les chapitres 4 et 5 explorent des cas hybrides, correspondant moins directement aux canons de la comparaison entre la France et le Québec. Cette sortie des sentiers battus met en relief la complexité des processus qui sous-tendent la pauvreté et les inégalités sociales pour chaque société. Finalement, le troisième temps (chapitres 6 et 7) est consacré à un regard croisé [10] sur les quatre cas du point de vue de la convergence supposée des États sociaux. En partant d'une discussion critique des indicateurs de la comparaison en matière de pauvreté et d'inégalités, nous revisitons cette question de la convergence en proposant non plus de partir des politiques sociales nationales, mais bien des formes différenciées de pauvreté et d'inégalités au sein de chaque espace social.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le Vendredi 30 avril 2004 21:17
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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