Introduction
Marc-Adélard Tremblay a effectué un premier terrain chez les Amérindiens, plus précisément chez les Navahos, au tout début de sa carrière, soit en 1952. Il en a tiré un article, « Navaho Housing in Transition », publié en collaboration avec John Collier Jr. et Tom Sasaki. Ce n'est que beaucoup plus tard, au milieu des années 60, qu'il est revenu aux études amérindianistes en participant en tant que directeur associé aux travaux de la Commission d'étude sur les processus d'adaptation des Indiens du Canada (Hawthorn, 1967-1968). Il recruta certains de ses étudiants de l'Université Laval, dont moi-même, pour participer à ses travaux de recherche. Curieusement, ma carrière d'amérindianiste connut une trajectoire assez semblable à celle de mon initiateur, puisque ce n'est qu'en 1976 que j'ai commencé à travailler en tant que directeur de recherche et conseiller scientifique avec le Conseil des Atikamekw et des Montagnais pour une longue période qui s'est terminée en 1990. Dans le cadre de ces fonctions, j'ai été surtout amené à concevoir et à superviser plusieurs projets de recherche reliés de près ou de loin à la revendication territoriale de cet organisme et aux négociations menées avec les gouvernements du Canada et du Québec depuis de nombreuses années (CAM, 1979 ; Charest, 1982.) C'est donc dans ce contexte sociopolitique qu'a été réalisée la recherche sur les Mamit Innuat dont il sera question dans les pages qui suivent.
Les Mamit Innuat sont les Montagnais de la partie nord-est du Québec habitant les sous-régions de la Moyenne et de la Basse-Côte-Nord du golfe Saint-Laurent. Au nombre d'environ 2000, ils sont maintenant sédentarisés dans trois réserves et un « établissement indien », soit, dans l'ordre : Mingan ou Ekwanshit, Natashquan, La Romaine ou Olomanshipit, Saint-Augustin ou Paquashipit (voir carte 1).
Les activités traditionnelles de chasse, de piégeage et de pêche demeurent importantes pour les Mamit Innuat et elles ont fait l'objet d'une étude détaillée de 1981 à 1985 intitulée « Exploitation et aménagement des ressources fauniques par les Montagnais du Québec », dont les résultats se trouvent résumés dans un rapport de recherche à circulation restreinte, Les Montagnais et la faune, et développés davantage dans plusieurs autres rapports et publications. L'analyse qui est présentée ici exploite une partie seulement des données quantitatives recueillies sur les activités d'exploitation des Montagnais concernant la composition des groupes de chasse, soit les camps de piégeage d'automne et les voyages de chasse, pour les années 1982, 1983 et 1984. Quelques auteurs (Feit, 1978 ; Leacock, 1969, 1986 ; Rogers, 1963, 1972) ont traité de la composition des groupes de chasse pour d'autres groupes algonquiens du Québec, ce qui nous permettra d'effectuer certaines comparaisons entre nos données et les leurs en conclusion.
Carte 1. Réserves et établissements Innu-Montagnais
Source : D'après une carte de Richard Dominique et Jean- Guy Deschênes, tirée de Montagnais- Naskapi. Bibliographie. Québec, ministère des Affaires culturelles, 1980, page 11.
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