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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

“ La crise et le gouvernement du parti québécois” (1979)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article du professeur Gilles Dostaler, professeur d'économie, UQAM, “ La crise et le gouvernement du parti québécois”. Un article publié dans la revue Cahiers du Socialisme, Montréal, n˚ 4, automne 1979, pp. 4-42. [Texte reproduit dans l'ouvrage de Gilles Bourque et Gilles Dostaler, Socialisme et indépendance, pp. 185 à 214). Montréal: Les Éditions du Boréal-Express, 1980, 224 pages.] [Autorisation accordée par l'auteur le 26 juin 2003]

Introduction

Il n'y a pas de conjoncture économique ou, plus exactement, il n'y a pas de conjoncture qu'économique, au sens que prend aujourd'hui le mot économie. Car ce mot renvoie, dans le discours dominant, à un mécanisme naturel dont les lois s'imposeraient aux hommes, contraignant leurs choix. Il fut un temps où Dieu exerçait cette contrainte et où les prêtres en étaient les interprètes et modelaient l'idéologie dominante. Ce rôle est aujourd'hui tenu par les économistes, théoriciens des contraintes que la rareté impose aux choix des hommes. 

La conjoncture renvoie à l'ensemble des rapports de force en jeu dans une société, à un moment donné. Elle ne peut être comprise qu'en relation avec l'ensemble des dimensions sociales. L'évolution des "variables économiques", salaires, prix, profits, taux d'intérêt et taux de chômage, renvoie aux luttes sociales, plus précisément aux luttes entre classes sociales, et non pas à une quelconque "loi naturelle". La conjoncture actuelle est caractérisée par une tendance "dépressive" de la plupart de ces indices. Cette tendance renvoie à des phénomènes plus profonds, à d'importants bouleversements dans les pays capitalistes, à des luttes sociales qui ont imprimé une marque particulière aux années qui ont suivi la croissance économique d'après-guerre, quasi ininterrompue jusqu'en 1965. 

C'est à quoi renvoie, de manière synthétique, le mot de crise. Encore que ce mot tienne souvent lieu d'explication. Autant les économistes, hommes d'affaires et politiciens évitent-ils l'utilisation de ce terme suspect en lui préférant les expressions plus neutres de difficultés économiques, marasme, morosité, dépression ou - au pire - récession, autant le mot "crise" est-il galvaudé et tient-il lieu d'explication dans une certaine logomachie. Il y a la crise et ce qu'on appelle les "mesures de crise de la bourgeoisie". Au mieux, on relie cette réalité à une version mécaniste et simpliste de l'analyse marxiste du mouvement du taux de profit. De réalité complexe dont l'analyse constitue une urgence, la crise est devenue dans ce cas un slogan politique. 

Dans la première partie de ce texte, nous caractériserons les indices et les symptômes de la crise actuelle des économies capitalistes, crise qui s'étend d'ailleurs désormais au monde dit socialiste. Nous ferons ensuite état des diverses analyses qui sont proposées des crises du capitalisme. Compte tenu des contraintes qu'impose le cadre d'un article, cette présentation sera laconique, se voulant surtout le point de départ de réflexions et de discussions [1]. Nous examinerons enfin l'attitude du gouvernement actuel du Québec dans cette conjoncture, tel qu'il agit - ou tente d'agir - sur elle. Cette conjoncture sert de révélateur. Il apparaîtra que le gouvernement du Québec, dans les limites de ses pouvoirs, gère cette situation comme tout gouvernement qui défend les intérêts des classes dominantes. Ce n'est pas contrairement à ce qu'on essaie de nous faire croire parce qu’“on n'a pas le choix”. Ce n'est pas non plus par machiavélisme, ou par suite de la trahison d'un idéal "social-démocrate". Cela découle de la nature même des rapports entre les classes sociales au Québec actuellement, et de la place du parti québécois dans cette configuration [2]. Nous indiquerons, en conclusion, dans quelle direction une autre issue à la crise pourrait être cherchée.


[1]     Une première version de ces deux parties a été intégrée dans notre communication au colloque tenu sur la crise et les travailleurs les 12 et 13 octobre 1979 à l'Université du Québec à Montréal. Voir Gilles Dostaler, "La crise et les explications de la crise", pp. 17-27 dans La crise et les travailleurs, Service des communications de la C.E.Q., octobre 1979. En ce qui concerne l'analyse de la crise, voir aussi Jean-Guy Loranger, "Le capital financier, la crise et le rapport salarial au Québec", pp. 7-15, dans le même ouvrage. On trouve d'autre part dans ce compte-rendu du colloque une série de textes sur les effets de la crise au Québec et ses conséquences pour les travailleurs.

[2]     Nous ne développerons pas ce dernier point. Nous renvoyons sur cette question le lecteur aux analyses contenues dans la revue Politique aujourd'hui (numéro 7-8, 1978), dans les ouvrages collectifs La chance au coureur (textes réunis et présentés par Jean-François Léonard, Montréal, Nouvelle optique, 1978) et Le capitalisme au Québec (sous la direction de Pierre Fournier, Montréal, Albert Saint-Martin, 1978), ainsi que dans les numéros précédents de la revue Les cahiers du socialisme. Pour l'essentiel, nous partageons le point de vue développé par Gilles Bourque et Pierre Fournier. En un certain sens, le texte qui suit peut servir à étayer l'analyse selon laquelle le parti québécois est "la formation politique ayant permis l'hégémonisation du mouvement nationaliste initié principalement par la nouvelle petite-bourgeoisie (et secondairement par la petite-bourgeoisie traditionnelle) au profit de la bourgeoisie régionale québécoise" (Gilles Bourque, "Petite bourgeoisie envahissante et bourgeoisie ténébreuse", Cahiers du socialisme, n˚ 3, printemps 1979, p. 150).


Retour au texte de l'auteur: Dernière mise à jour de cette page le vendredi 29 décembre 2006 7:38
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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