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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir du texte de MM. Albert FAUCHER (1915 - 1992) et Maurice LAMONTAGNE (1917-1983), “L'histoire du développement industriel au Québec”. Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Marcel Rioux et Yves Martin, La société canadienne française, pp. 265-277. Montréal : Les Éditions Hurtubise HMH ltée, 1971, 404 pp. [Version française d'un chapitre extrait de : Jean-C. Falardeau, éd., Essais sur le Québec contemporain, Québec, Les Presses Universitaires Laval, 1953, 23-37.]

Albert FAUCHER (1915-1992)
et Maurice LAMONTAGNE (1917-1983) 

“L'histoire du développement industriel
au Québec”.

 

Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Marcel Rioux et Yves Martin, La société canadienne française, pp. 265-277. Montréal : Les Éditions Hurtubise HMH ltée, 1971, 404 pp. [Version française d'un chapitre extrait de : Jean-C. Falardeau, éd., Essais sur le Québec contemporain, Québec, Les Presses Universitaires Laval, 1953, 23-37.]

 

Introduction
 
I. Phase de lent développement: 1866-1911
 
II. L'ère nouvelle de l’industrialisation
 
III. Conclusions
 

 

Introduction

 

C'est dans une vaste perspective historique qu'on doit situer, tout comme l'ensemble du présent colloque, une analyse des conséquences sociales de l'industrialisation au Québec. C'est pourquoi la présente étude s'attachera aux aspects spatio-temporels de certains éléments importants dans l'évolution de l'industrie au Québec. Étant donné la rareté et, sur plusieurs points, l'absence complète de données statistiques, notre démarche ne peut se fonder sur l'analyse quantitative. Par ailleurs, le sujet que nous abordons n'a fait l'objet que de rares recherches de caractère scientifique. Il est, par conséquent, tout aussi intéressant que difficile d'entreprendre cette première exploration à travers un terrain encore si mal connu et de chercher, en même temps, à mettre en évidence des questions qui seraient de nature à susciter de nouvelles recherches et à conduire à une explication plus approfondie du développement économique du Québec au cours du siècle dernier.

 

Il est cependant possible de proposer une interprétation de l'évolution globale de l'industrie au Québec. On pense spontanément à l'affirmation souvent répétée selon laquelle le développement industriel de cette province a été très lent par rapport à celui d'autres régions de l'Amérique du Nord. L'observation est exacte si l'on se réfère à la période la plus longue de notre histoire économique, celle qui va jusqu'à 1939. En un siècle, de 1839 à 1939, l'emploi dans les industries manufacturières n'a augmenté que d'un peu plus de 200,000 personnes. Mais il faut aussitôt ajouter que le Québec a vu ses effectifs industriels s'accroître d'un nombre aussi élevé durant la courte période 1939-1950. Le rythme de la croissance industrielle, pendant ces onze dernières années, a été dix fois plus rapide qu'il l'avait été durant les cent années précédentes et plus rapide aussi que celui de la croissance industrielle dans l'ensemble du Canada.

 

Comment interpréter une telle évolution ? Selon l'interprétation la plus fréquente, le retard économique du Québec tiendrait à l'influence de facteurs culturels spécifiques. Cette interprétation est-elle vraiment justifiée ? Si elle l'était, il serait assez difficile de rendre compte de la croissance rapide des dernières années, à moins de supposer que les forces culturelles aient pu changer profondément d'orientation. Cette explication ne nous semble pas acceptable. Les forces culturelles n'ont pas changé d'orientation et si, pendant une certaine période, notre évolution économique semble avoir été soumise à l'influence de ces facteurs, c'est parce qu'il ne pouvait en être autrement à ce stade particulier.

 

L'explication du développement industriel proposée dans notre étude est bien différente ; elle s'appuie surtout sur des facteurs économiques et géographiques. Nous postulons qu'on ne peut comprendre cette évolution sans se reporter constamment aux facteurs de localisation des industries pendant les périodes considérées et au fait très simple que le Québec fait partie du continent nord-américain. Cette étude couvre les cent dernières années et elle se divise en deux parties correspondant à deux périodes caractéristiques de notre évolution industrielle.
 

I

PHASE DE LENT DÉVELOPPEMENT :
1866-1911

 

La première période commence durant les années soixante du XIXe siècle. Afin de bien situer l'évolution subséquente, on doit rappeler au moins brièvement la situation qui prévalait alors.

 

Cette phase pré-industrielle se confond avec l'ère commerciale, dont les débuts remontent aux guerres napoléonniennes, au commencement du XIXe siècle. Les deux principaux articles de commerce étaient alors le bois et le grain. Les grands centres du développement économique étaient situés sur la côte Atlantique. Aux États-Unis, Boston, New-York, Philadelphie et Nouvelle-Orléans étaient en plein essor et pouvaient s'engager dans le développement de certaines industries de consommation.

 

Pendant la même période, c'est le Québec qui battait la marche au Canada, son développement économique étant axé sur deux pôles, les villes de Québec et de Montréal. L'importance historique du Québec dans le développement de l'économie canadienne correspond, au cours de cette période, à l'expansion du commerce, grâce à la valeur économique du fleuve Saint-Laurent. [1] En plus de permettre un accès facile aux terres de l'intérieur et de favoriser de nouveaux établissements le long des terres basses et des vallées, le Saint-Laurent était aussi, et avant tout, une route commerciale sur laquelle était axé un système de circulation des biens, qui pouvaient ainsi être acheminés vers le haut du pays. C'est ainsi que les régions des basses terres prospérèrent ; la ville de Québec, en particulier, connut une grande activité commerciale, en même temps qu'une rapide expansion industrielle fondée sur la construction navale. Cette région était favorisée par les facteurs économiques et géographiques et la population tenta de tirer de ceux-ci le plus grand avantage. Pendant cette période, la situation du Québec n'avait rien de particulier. Les villes du Québec, comme les autres centres maritimes de l'Amérique du Nord, participèrent très activement à la prospérité engendrée par l'essor commercial.

 

Un ensemble de facteurs vinrent mettre fin à cette période et modifier les règles du jeu : mentionnons l'adoption du libre-échange en Angleterre, la fin de notre traité de Réciprocité avec les États-Unis [2], le creusage du Saint-Laurent et la construction de canaux. Le facteur le plus important du passage de l'ère commerciale à l'ère industrielle, c'est sans doute le remplacement du bois par l'acier comme produit de base de l'industrie. Dans cette évolution, la construction des chemins de fer fut l'élément décisif. Dans l'industrie de la construction navale, le changement se réalisa par l'introduction du moteur à vapeur. C'est ainsi qu'une nouvelle période commença au cours de laquelle le charbon et l'acier allaient devenir les éléments fondamentaux du développement économique. A partir de ce moment, seules les régions où l'on trouvait du charbon allaient connaître une croissance économique rapide. [3]

 

Ces innovations technologiques impliquaient des modifications quant à l'importance relative des divers facteurs de localisation et un déplacement du centre de gravité de l'économie de l'Amérique du Nord. Aux États-Unis, pendant cette première période de l'industrialisation, les villes portuaires qui produisaient surtout des biens de consommation passèrent au second rang d'importance. New-York fut la seule exception, parce que les chemins de fer convergeaient vers son port ouvert à l'année longue et aussi à cause de son statut de centre financier. Boston et Philadelphie perdirent du terrain et leur importance stratégique diminua de beaucoup. A l'âge du fer, les houillères des Appalaches allaient jouer un rôle capital. Pittsburg émergea comme ville de l'acier et sera plus tard reliée à la région ferrugineuse du Minnesota.

 

Ces changements eurent leurs répercussions au Canada. Les villes portuaires perdirent les avantages de localisation liés au commerce de la période antérieure ; Québec perdit l'importance qu'elle avait acquise par le commerce du bois et la construction maritime. Le président de la Chambre de commerce de Québec décrivait ainsi cette évolution : « Il fut un temps où la construction navale était la grande industrie de notre ville ; nous y excellions. Cette industrie faisait vivre une race de charpentiers valeureux et compétents. C'était un beau spectacle que de voir, pendant l'hiver, les chantiers de construction débordant de vie et d'activité... Malheureusement, avec le progrès de la science et de la civilisation, cette industrie dont nous dépendions avant tout, a dû faire place à des besoins plus modernes. » [4] Loin des sources du charbon et du fer, non initiée aux techniques du travail du fer, cette « race de charpentiers valeureux » fut acculée au chômage.

 

Au Canada, tout comme aux États-Unis, l'activité économique se déplaça vers le centre du Pays. Dans ce nouveau contexte industriel, le sud de l'Ontario occupait une place stratégique du point de vue des transports par eau et par rail. Adjacente aux dépôts carbonifères des Appalaches, cette région commandait les voies d'accès les plus simples vers l'arrière-pays, à l'ouest. À ces avantages s'ajoutait un facteur décisif : les barrières tarifaires, qui ont joué, d'après les géographes, un rôle vital « en provoquant un développement industriel que le Canada n'aurait pas connu autrement ». [5] C'est de ce moment que date le développement du secteur ontarien des Grands Lacs, sorte de coin s'enfonçant dans le territoire américain, à cheval sur le secteur Pittsburg-Cleveland de la zone manufacturière. On ne saurait exagérer l'importance des tarifs douaniers pour expliquer ce développement. Pour Bruce Hutchison, ce « coin a physiquement toutes les apparences d'une île entourée de lacs et de rivières. Sur le plan économique, cette région est encore plus insulaire, parce qu'elle est isolée derrière le mur de Chine des tarifs douaniers ». [6]

 

Le déclin économique du Québec ne fut donc pas un phénomène local. Il se rattache à un phénomène beaucoup plus vaste qui affecta tout le continent et dont la cause réside dans le passage d'un régime mercantiliste à un système industriel fondé sur le charbon, l'acier et la vapeur.

 

La situation du Québec n'était pas favorable au développement d'une telle économie industrielle. Le seul avantage qui lui restait était un surplus de main-d'oeuvre, formé de chômeurs des villes et de l'excédent de la population agricole - une main-d'oeuvre paisible et sûre. Pourtant, cet avantage était mince puisque la main-d'oeuvre pouvait se déplacer. Quoi qu'il en soit, le Québec, comme la Nouvelle-Angleterre devait s'adapter à cette nouvelle situation et les deux régions adoptèrent la même solution qui était probablement la seule possible ; le Québec se rattacha au sweating system caractéristique d'un secteur industriel du continent, tandis que l'Ontario se développait en fonction de l'industrie de l'acier.

 

À ce moment, on trouvait déjà des mines en exploitation au Québec, plus particulièrement dans les Cantons de l'Est, où l'extraction de l'amiante commença dès 1877. Cette industrie se développa lentement ; en 1895, elle produisait 10,000 tonnes de minerai et employait 700 ouvriers. Ce n'est qu'après la première décennie de ce siècle qu'elle passa à la production sur une grande échelle pour en venir à fournir 70 pour cent de la production mondiale.

 

C'est toutefois sur l'industrie de la chaussure, les textiles, les scieries et la fabrication à Montréal de matériel roulant pour les chemins de fer que s'appuya l'industrialisation à ses débuts. Il est intéressant de noter que la plupart de ces industries étaient dans une large mesure artificielles, c'est-à-dire que, comme celles de l'Ontario, elles avaient besoin de la protection tarifaire [7]. L'industrie de la chaussure apparut à Montréal en 1847 et à Québec vers 1865 ; elle devint une industrie dominante au début des années 1880. La fameuse usine de chaussures Bresse pouvait produire jusqu'à 3,000 paires de chaussures par jour, en 1880. À la fin du siècle, l'industrie de la chaussure comptait plus de 3,000 employés, dans la seule ville de Québec. [8]

 

L'industrie textile connut également une rapide croissance, surtout au cours du dernier quart du XIXe siècle. Des filatures furent établies à Valleyfield en 1874, à Montréal en 1875 et 1882, à Coaticook en 1879, à Chambly en 1881 et aux Chutes Montmorency en 1889. Plusieurs de ces entreprises fusionnèrent et, en 1905, la Dominion Textile Company devint la firme la plus importante. En 1907, les intérêts Whitehead s'établirent à Trois-Rivières et, en 1909, à Shawinigan. À ce moment, cette industrie employait plus de 8,000 ouvriers dans la province. [9]

 

Il est à noter que, durant les dix années 1881-1891, la structure industrielle repose surtout sur des productions diverses, végétales et animales, et particulièrement sur les textiles, le cuir et le bois. Pendant cette période, les différentes productions conservèrent à peu près la même importance relative, excepté la fabrication des chaussures qui déclina quelque peu après 1900, à cause de la hausse du coût de la main-d'oeuvre. Il est bon de souligner qu'une telle économie put se développer grâce à la protection tarifaire, d'une part, et à la présence d'une main-d'oeuvre bon marché, d'autre part. Quant à l'économie dans son ensemble, elle était à prédominance agricole à la fin du siècle. Sur une production totale estimée à 150 millions de dollars, la part de l'agriculture totale était de 65 pour cent, celle de la forêt de 25 pour cent, celle de l'industrie de 4 pour cent et celle des mines de 2 pour cent.

 

Le Québec a ainsi connu une longue période de déséquilibre. Alors que son industrie traversait une crise d'adaptation et se développait lentement, sa population augmentait à un rythme rapide. On a comparé son taux de natalité à celui de la Roumanie au début du XXe siècle ; on aurait aussi bien pu le comparer, de toute évidence, à celui des pays les plus prolifiques de l'Occident au XIXe siècle. [10] C'est là, sans aucun doute, le fait capital de cette période de l'histoire du Québec : la population se multipliait rapidement alors que les débouchés étaient extrêmement peu nombreux dans le commerce ou dans l'industrie. Ce phénomène, lié à des facteurs d'ordre culturel, allait avoir d'importantes implications économiques.

 

Le rythme de l'accroissement naturel, même s'il était beaucoup plus rapide que celui de l'accumulation des capitaux, n'inquiétait pas les autorités. L'État, comme l'Église, encourageait cet accroissement de la population. Il fallut, toutefois, trouver une solution à ce déséquilibre. Parce qu'il n'y avait pas d'autres sources d'emploi, la seule solution qu'on trouva alors fut d'encourager l'agriculture et la colonisation. Cette solution était tout à fait dans la ligne de l'idéologie ruraliste traditionnelle ; on ne peut pas dire que l'expansion agricole fut le produit de cette idéologie : il n'y avait rien d'autre à faire, tout simplement. Quoi qu'il en soit, des sociétés de colonisations furent organisées. Le slogan de Duvernay, « Emparons-nous du sol », fut remis en circulation et on lui donna une nette connotation nationaliste : « Emparons-nous du sol, c'est le meilleur moyen de conserver notre nationalité ». [11] L'agriculture devint fonction du nationalisme - ou de la religion, comme le déclarait un curé de l'époque : « La route et la chapelle forment ensemble la colonisation ». [12]

 

Dès 1820, toutefois, l'agriculture avait occupé les meilleures terres arables. Compte non tenu des régions du Lac-Saint-Jean et de l'Abitibi, elle avait atteint son expansion optimale en s'étendant à l'ensemble des terres basses du Saint-Laurent et aux vallées fertiles des rivières. [13] Les régions de pierres et de galets de la Saint-Maurice, comme celles de la Mattawin et de la Maskinongé et les plateaux de l'Etchemin et de la Chaudière, sans mentionner les terres de l'intérieur dans le Bas Saint-Laurent, n'auraient pas dû, selon les spécialistes, être déboisées. Ce qui ne veut pas dire que l'expansion agricole dans ces régions n'a rempli aucune fonction, mais plutôt qu'on aurait pu exploiter celles-ci autrement et plus efficacement.

 

Comme les possibilités de l'expansion agricole étaient trop limitées pour absorber l'écart entre la main-d'oeuvre disponible et les besoins de l'industrie, l'émigration devint nécessaire. La main-d'oeuvre excédentaire ne pouvait émigrer vers l'Ontario ; à cause de son manque de préparation au travail du fer, il lui aurait été difficile d'y trouver de l'emploi. Par ailleurs, parce que sa propre population émigrait vers les États américains du Centre, la Nouvelle-Angleterre avait besoin de main-d'oeuvre ; c'est précisément là que se dirigèrent la majorité des émigrants du Québec. On estime à un demi-million le nombre de ceux qui quittèrent le Québec pour la Nouvelle-Angleterre pendant la seconde moitié du siècle dernier. [14]

 

On peut déduire de ce qui précède que l'évolution économique du Québec durant le XIXe siècle a été conditionnée avant tout par des facteurs géographiques et économiques inhérents au système d'économie politique du continent nord-américain. Durant cette période, les liens entre la province de Québec et la Nouvelle-Angleterre furent très étroits et les deux régions ont connu un semblable destin économique. L'une et l'autre de ces régions ont joué un rôle de premier plan durant l'ère commerciale ; par la suite, au cours de la période du développement industriel, la Nouvelle-Angleterre a dû céder la prépondérance économique aux États de l'Est central et le Québec, à l'Ontario. En dernière analyse, on voit que les deux régions ont réagi à ce changement de la même façon : elles se sont concentrées sur des industries de main-d'oeuvre. Les facteurs culturels sont étrangers à cette évolution, comme au décalage de l'industrie québécoise par rapport à celle de l'Ontario. Cette différence s'explique par le simple fait que le Québec, dans l'économie de cette période, fondée sur l'acier, n'avait ni fer ni charbon et qu'il était situé trop loin des dépôts de charbon des Appalaches.

 

Le seul phénomène particulier au Québec, c'était son problème démographique. Les seules solutions possibles étaient l'expansion agricole et l'émigration. C'est pourquoi, à la fin de cette période, le Québec avait une économie à prédominance agricole : ce n'était pas par choix mais par nécessité. Une autre caractéristique de l'économie du Québec, c'est qu'à l'exception des scieries, elle n'était pas axée sur les richesses naturelles du milieu, mais sur une main-d'oeuvre bon marché et l'exploitation du marché de consommation. Pour survivre, cette économie avait besoin de protection tarifaire. Elle dépendait, pour son expansion et sa prospérité, du marché que constituait le secteur agricole -situation qui apparaît assez paradoxale si l'on tient compte du fait que le territoire québécois n'avait pas de vocation naturelle pour l'agriculture.

 

II

L'ÈRE NOUVELLE
DE L’INDUSTRIALISATION

 

Avec le début du siècle, de nouvelles tendances apparurent dans l'économie du Québec. Cette région demeura étroitement imbriquée dans le contexte nord-américain, mais, pour la première fois dans son histoire, elle se différencia profondément de la Nouvelle-Angleterre. Durant la période commerciale, notre évolution économique s'était faite parallèlement à celle des États-Unis ; au cours de la première étape de l'industrialisation, le Québec avait dû, pour survivre, combattre l'influence envahissante de l'économie des États de l'Est central. Avec l'avènement de la nouvelle ère industrielle, il s'est intégré pour de bon au système nord-américain et son développement économique est devenu tributaire d'un système d'exploitation des ressources défini à l'échelle de l'ensemble du continent. En d'autres termes, les ressources naturelles du Québec furent appelées à remplir une fonction précise et à combler un besoin spécifique. Alors que le développement du sud de l'Ontario avait été simplement la contrepartie de l'industrialisation américaine, la croissance industrielle du Québec devint complémentaire par rapport à celle-ci.

 

On trouve plusieurs facteurs à l'origine de ce changement fondamental qui devait bouleverser l'économie du Québec. Tout d'abord, l'élément le plus important fut peut-être l'épuisement de certaines ressources et l'insuffisante disponibilité d'autres facteurs de production aux États-Unis. [15] La pâte à papier, le cuivre et le fer constituent, de ce point de vue, d'excellents exemples. Deuxièmement, l'acier conserva son rang, mais perdit son importance relative, d'autres métaux étant utilisés comme produits de substitution pour de nombreux usages. Au surplus, l'aviation fut pour l'aluminium ce que les chemins de fer furent pour l'acier. Troisièmement, le charbon perdit sa position dominante comme source d'énergie et l'eau devint un substitut moins coûteux. L'énergie hydraulique 'devint ainsi, pour plusieurs industries, un important facteur de localisation.

 

Cette évolution, il n'est pas nécessaire d'y insister, entraîna de profonds changements dans l'importance relative des facteurs de localisation et, cette fois, le Québec fut fortement favorisé par la nouvelle orientation du développement économique. On comprend aisément pourquoi, si l'on tient compte du fait que le Bouclier précambrien, qui est l'élément dominant de la topographie de ce continent, englobe 80 pour cent du territoire québécois. Ce vaste secteur, situé au nord du Saint-Laurent (et qui longtemps demeura étranger aux « ruralistes » du Québec), avait acquis une certaine importance au temps du commerce des fourrures et du bois. Plus tard, avec le déclin de ces activités, il devint en quelque sorte une nuisance. Pour les constructeurs de chemin de fer, il constituait un obstacle majeur. Pour les raisons déjà mentionnées, la première période d'industrialisation ne donna pas lieu à une intégration économique du territoire précambrien à ce qu'on considérait alors comme le Québec proprement dit. Le Bouclier accidenté demeura mystérieux et, pour l'observateur pressé, une terre inutile. Après le début de la nouvelle période, on se rendit progressivement compte que ce qu'on croyait être un fardeau contenait d'immenses ressources forestières, de riches dépôts miniers de toutes sortes et un potentiel hydro-électrique considérable. La nouvelle orientation du développement industriel favorisa l'intégration du territoire précambrien à l'ensemble du continent nord-américain.

 

En retenant l'année 1911 comme ligne de démarcation entre les deux phases de l'industrialisation, nous ne voulons pas laisser entendre que le Québec se transforma immédiatement en un milieu industriel. L'orientation nouvelle se dessinait déjà avant 1911 ; elle ne s'accentua qu'assez lentement après cette date, sauf durant les années vingt et depuis 1939. Les faits qui ont marqué l'évolution économique durant les vingt premières années du siècle présent fournissent peu d'indices permettant d'affirmer que le développement d'industries axées sur l'utilisation de la main-d'oeuvre avait entraîné une transformation de la structure industrielle du Québec. Ce ne fut que lorsque les industries à haute concentration technique furent intégrées aux industries hydro-électriques et lorsque les deux processus, l'ancien et le nouveau, fusionnèrent durant la période de progrès des années vingt, que l'industrialisation devint une menace pour le Québec traditionnel. Ce phénomène récent a pris, à la faveur de la formidable expansion des périodes de guerre et d'après-guerre, une ampleur spectaculaire au cours des dix dernières années.

 

Il faut par ailleurs souligner que, même durant cette période, le Québec progressa moins rapidement que l'Ontario ; le fait s'explique, d'une part, par la stagnation économique du Québec au cours de la période antérieure et, d'autre part, par sa situation moins avantageuse par rapport au bouclier industriel américain. Dès 1900, le gouvernement de l'Ontario mit un embargo sur l'exportation de la pâte à papier aux États-Unis, ce qui força les Américains à bâtir de nouvelles usines dans cette province. C'est seulement en 1910 que le Québec prit la même décision. Le Québec tira aussi parti comme l'Ontario, mais avec un retard beaucoup plus considérable, du développement de la métallurgie - extraction minière et raffinage. En Ontario, pendant la construction des chemins de fer, on découvrit des mines à Sudbury et à Cobalt. Cobalt devint alors le pivot de l'expansion vers les régions argileuses de Porcupine et de Kirkland Lake. [16] De là, les opérations minières s'étendirent à la région aurifère du Québec, où l'on avait découvert les premiers filons avant la construction des chemins de fer. Ainsi, pour diverses raisons, l'occupation de la région du Précambrien s'était réalisée, dans l'Ontario et dans le Québec, à des moments distincts de l'expansion économique, mais, pour la première fois, le développement, dans l'une et l'autre provinces, se faisait dans la même direction et répondait à la même impulsion américaine.

 

On connaît trop bien les événements principaux qui ont marqué la nouvelle ère de l'industrialisation du Québec pour qu'il soit nécessaire de les relater en détail. Cette nouvelle phase débuta avec l'émergence de ce que l'on a appelé les industries jumelles, celles de la production d'énergie hydroélectrique et de la pâte à papier. Vinrent ensuite l'industrie de l'aluminium, l'industrie minière, l'industrie chimique et l'industrie aéronautique. Pour donner une idée des changements qui eurent lieu au cours de cette période, on peut comparer l'importance relative des divers secteurs industriels en 1920 et en 1941 respectivement. En 1920, la part de l'agriculture dans la production totale du Québec était de 37 pour cent ; celle de l'industrie, de 38 pour cent ; celle de la forêt, de 15 pour cent ; celle de la construction, de 4 pour cent ; et celle des mines, de 3 pour cent. En 1941, la répartition est la suivante : l'industrie, 64 pour cent ; la forêt, il pour cent ; l'agriculture, 10 pour cent ; et les mines, 9 pour cent.

 

Cette comparaison entre 1920 et 1941 met en évidence un changement décisif dans la structure industrielle et une progression rapide de l'industrialisation, mais c'est au cours de la dernière décennie qu'on a enregistré les développements les plus marqués. Les statistiques suivantes, préparées par le ministère fédéral de l'Industrie et du Commerce, illustrent bien cette évolution. Comme nous l'avons souligné plus haut, l'emploi dans l'industrie a doublé, de 1939 à 1950. Cette augmentation, mesurée en chiffres absolus, équivaut à la croissance observée pendant les cent années qui ont précédé 1939. Par ailleurs, pendant la dernière décennie, la valeur brute de la production a doublé en valeur réelle et les investissements ont triplé. En 1939, sur dix personnes qui cherchaient de l'emploi, 1.5 n'en trouvait pas, alors qu'en 1950 il n'y avait pour ainsi dire aucun chômage. Avant la guerre, sur dix personnes qui cherchaient un emploi, 2.5 trouvaient du travail dans l'agriculture ; on n'en compte plus que 2 sur dix aujourd'hui. Pendant la même période, le nombre de personnes trouvant de l'emploi dans les villes et les villages passa de 6 à 8 sur dix ; en 1950 comme en 1939, trois personnes sur dix trouvaient de l'emploi dans les secteurs du commerce, de la finance et des services. En 1939, l'industrie absorbait 3 personnes sur 10 qui cherchaient de l'emploi ; en 1950, elle en absorbait 5. Aux deux dates, une seule personne sur dix pouvait obtenir un emploi dans le secteur primaire de l'industrie, tandis que le nombre de celles qui trouvaient de l'emploi dans les secteurs des manufactures, de l'électricité et des autres services d'utilité publique passait de 2 à 4. [17] La croissance industrielle s'explique par le développement des principales productions suivantes, classées ici par ordre d'importance : équipement électrique, matériel de transport, produits du bois, fer et acier, pâte à papier, textiles.

 

Pendant la période qui nous occupe, l'industrialisation se poursuivit au Québec à un rythme plus rapide que dans l'ensemble du Canada. Depuis 1939, le volume des produits manufacturés s'est accru de 92 pour cent au Québec et de 88 pour cent au Canada ; les investissements industriels s'accrurent de 181 pour cent au Québec et de 154 pour cent seulement dans l'ensemble du pays. [18] Les données statistiques dont nous disposons ne nous permettent pas de procéder à des comparaisons semblables pour les autres provinces canadiennes. Le rythme de développement de l'Ontario est probablement encore plus élevé que celui du Québec mais, si différence il y a, elle est moins importante qu'elle l'était durant les périodes précédentes. Il ne fait pas de doute que les perspectives d'avenir du Québec sont excellentes. A ne considérer que son immense territoire et la quantité de ses ressources encore non exploitées, il paraîtrait tout à fait réaliste de prévoir que le rythme de croissance y sera avant longtemps le plus élevé au Canada. Pendant la période d'expansion vers le nord, le Québec pourrait bien regagner la suprématie qu'il a perdue durant la phase de l'expansion vers l'ouest, à la condition, évidemment, que les tendances économiques ne soient pas altérées par des facteurs politiques ou autres. 

 

III

CONCLUSION

 

Rappelons que la présente description du développement industriel du Québec doit servir d'introduction à l'analyse des conséquences sociales de ce phénomène. Nous avons surtout voulu montrer que les traits particuliers de l'industrialisation du Québec ne tiennent pas spécifiquement ni fondamentalement aux caractéristiques culturelles de notre milieu. L'évolution industrielle du Québec constitue plutôt un phénomène régional s'expliquant essentiellement par référence à l'évolution économique de tout le continent nord-américain.

 

D'autres travaux de ce colloque chercheront à établir comment l'industrialisation a changé la culture et l'orientation des institutions sociales. Dans cette perspective, il semble à propos de mettre en relief les principaux enseignements que l'on peut tirer de l'histoire de notre développement industriel.

 

Il faut, en premier lieu, insister sur le caractère nord-américain du développement industriel du Québec. L'évolution économique ne s'y est à aucun moment poursuivie en vase clos. Notre économie a toujours fortement subi, au contraire, l'impact de l'évolution nord-américaine et s'est surtout développée en réponse aux changements qui affectaient l'ensemble du continent. Ainsi envisagé comme partie d'un plus grand tout, le Québec ne peut être considéré comme arriéré ou avancé, d'un point de vue économique. Dans le contexte d'une économie basée sur le charbon et l'acier, alors que les facteurs de localisation n'étaient pas favorables, la province de Québec se développa moins rapidement que d'autres régions mieux situées. Quand, par ailleurs, ces facteurs devinrent plus favorables, on enregistra immédiate. ment un progrès.

 

En second lieu, le développement du Québec s'appuie désormais sur ses richesses naturelles, et non plus sur une main-d'oeuvre bon marché et « sûre » comme une certaine propagande voulait nous le faire croire. Durant la première phase de l'industrialisation, les types principaux d'industrie furent, comme nous l'avons vu, à base de main-d'oeuvre et de biens de consommation ; l'expansion industrielle dépendait du secteur agricole, et pour cette raison même, elle était limitée. Cette situation s'est aujourd'hui renversée. Le développement économique s'appuie sur des industries de base qui exploitent les richesses naturelles du Bouclier laurentien. Dans ce secteur, la main-d'oeuvre n'est pas bon marché et, selon certains employeurs, elle n'est pas toujours sûre. Mais en dépit de ce fait, ces nouvelles industries sont devenues l'élément dynamique de l'économie du Québec. Elles exercent une influence profonde sur les anciennes industries fondées sur l'utilisation de la main-d'oeuvre et l'agriculture elle-même dépend maintenant de ce secteur industriel. Ainsi se développe un nouvel équilibre qui repose beaucoup plus que l'ancien sur les avantages naturels du Québec.

 

Troisièmement, l'expansion du Québec se réalise grâce à la grande industrie de type monopolistique. Dans la plupart des cas, l'avènement de ce type d'industrie constituait une exigence de l'évolution technologique ; on peut citer, à titre d'exemples, les industries de la pâte à papier, de l'aluminium et de la construction aéronautique. Dans un moins grand nombre de cas, la production de masse répondait aux possibilités du marché et au désir de faire grand. Le pouvoir économique est toutefois beaucoup plus concentré que le laisseraient supposer la taille et le nombre des usines. On a utilisé toutes sortes de méthodes pour en arriver à ce point et même des industries plus anciennes comme les textiles, la construction navale, le tabac et les brasseries ont participé à la tendance vers une plus grande concentration. Il devient donc de plus en plus difficile de concurrencer les industries établies.

 

Finalement, l'industrialisation n'a pas été réalisée par le groupe ethnique majoritaire de cette province. Par rapport à l'objet de cette étude, c'est là une caractéristique importante du développement économique du Québec. Il est très difficile d'évaluer l'importance des investissements étrangers dans cette province et d'obtenir des renseignements sûrs sur la part des intérêts étrangers dans les différentes industries. Très souvent, des arrangements légaux contribuent à masquer la véritable nature des relations économiques.

 

On peut quand même affirmer que la propriété et le contrôle américains sont étendus. L'établissement de filiales américaines au Québec remonte aux premières années de la « politique nationale » de Macdonald. Jusqu'en 1900, 25 firmes américaines avaient créé des succursales au Québec. On a estimé que, pendant les quinze années suivantes, 43 pour cent des investissements dans de nouvelles industries vinrent des États-Unis. En 1934, le tiers du capital investi au Québec aurait été américain. Cette tendance a fort bien pu s'accentuer pendant et après la guerre. Les projets récents pour exploiter les dépôts de titanium et le minerai de fer dans ce qu'on a appelé le « Nouveau-Québec » indiquent que le flux du capital américain vers le Québec est encore très marqué. On peut d'abord expliquer ce phénomène par le fait que les États-Unis avaient pu accumuler d'importantes réserves de capitaux à la faveur d'une industrialisation plus hâtive. Une partie de ces capitaux furent réinvestis au Québec parce que les Américains avaient besoin de nos ressources naturelles ou cherchaient à s'introduire sur le marché protégé du Canada.

 

Cela ne veut pas dire, toutefois, que les Américains ont été les seuls à financer et à diriger l'industrialisation du Québec. L'Ontario y a même contribué, surtout dans l'industrie minière. Il reste vrai, toutefois, que le développement économique du Québec a été financé, dirigé et contrôlé de l'extérieur. De ce point de vue, on peut dire que cette province souffre d'absentéisme au niveau de la propriété et de l'initiative industrielles.

 

Un autre fait remarquable est le rôle peu important qu'ont joué les Canadiens français en particulier dans le développement industriel du Québec. jusqu'à maintenant, on a interprété ce phénomène surtout en termes culturels. Nous déborderions les cadres de notre étude si nous nous engagions dans l'examen de cette interprétation. Nous voudrions cependant souligner qu'on a trop facilement accepté la justesse de cette explication. Les insuffisances de notre système d'éducation ne peuvent expliquer la situation, parce qu'on sait très bien que les hommes d'affaires qui ont réussi dans le passé, au Canada français comme ailleurs, n'étaient pas nécessairement des diplômés universitaires. On a aussi affirmé que nos traits culturels expliqueraient notre manque d'intérêt pour les affaires ou seraient incompatibles avec les exigences de la grande industrie. Nous suggérerions aux sociologues de chercher une explication plus concrète et plus simple, c'est-à-dire de se remettre à l'examen des réalités économiques du passé et du présent.

 

On doit faire remarquer, en dernier lieu, que dans ce système qui se caractérise par l'absentéisme de la propriété et de l'initiative économique, les fonctions administratives ont été déléguées à des administrateurs locaux qui s'expriment surtout en anglais. Cette situation crée de sérieux problèmes, particulièrement dans le domaine des relations ouvrières. Dans ce domaine où l'aspect humain a tant d'importance, les conflits économiques sont aggravés par des conflits ethniques. Cette situation peut entraîner des ressentiments aussi profonds que ceux qu'exprimait la voix entendue par Maria Chapdelaine, il y a quarante ans :

 

« Autour de nous des étrangers sont venus, qu'il nous plaît d'appeler des barbares ; ils ont pris presque tout le pouvoir ; ils ont acquis presque tout l'argent ; mais au pays de Québec rien n'a changé. »

 

Rien n'a changé, il est vrai, car l'essence du Canada français est restée la même. On peut se demander toutefois ce qu'est l'essence du Canada français. C'est aux sociologues de répondre à une telle question. Le message capté par Maria Chapdelaine se poursuivait ainsi : 

« Au pays de Québec rien ne doit mourir et rien ne doit changer. »


[1]    D.G. Creighton, The Commercial Empire of the St. Lawrence, 1760-1950, Toronto, Ryerson, 1937 ; A.R.M. Lower and H.A. Innis, Select Documents in Canadian Economic History, 1783-1885, Toronto, University of Toronto Press, 1933.

[2]    A.R.M. Lower, The North American Assault on the Canadian Forest, Toronto, Ryerson, 1938, Chap. XIII-XIV.

[3]    J.R. Smith, North America : its People and the Resources, New-York, Harcourt, Brace & Co., 1940 ; C.L. White and E.J. Foscue, Regional Geography of Anglo-America, PrenticeHall, 1950.

[4]    Address of Joseph Shehyn, Esq., M.P.P., Feb. 1880, 24.

[5]    C.L. White and E.J. Foscue, op. cit., Chap. XIII.

[6]    Bruce Hutchison, The Unknown Country, Toronto, Longmans, 1948, Chap. VII.

[7]    C'est un fait bien connu que les fonderies de Montréal ont pu se développer grâce aux subventions accordées par le gouvernement fédéral pour le transport du charbon extrait dans les Maritimes.

[8]    Shehyn, op. cit.

[9]    Rapport de la Commission royale d'enquête sur l'industrie textile (Ottawa, 1938).

[10]   Annuaire statistique de la province de Québec, 1914.

[11]   Le Canadien émigrant, par douze missionnaires des townships de l'Est, Québec, 1851.

[12]   « Questionnaire », dans : « Report of the Select Standing Committee on Agriculture, Immigration and Colonization », Journal of the Legislative Assembly of the Province of Quebec, 1867-1868.

[13]   J. Bouchette, Topographical Dictionary of the Province of Lower Canada, London, 1832 ; Georges Vattier, Esquisse historique de la colonisation de la province de Québec (1608-1925), Paris, 1928.

[14]   G. Lanctot, Les Canadiens français et leurs voisins du sud, Montréal, Valiquette, 1941.

[15]   J.A. Guthrie, The Newsprint Paper Industry, Cambridge, Harvard University Press, 1941, Chap. 11 ; Elliott and others, International Control in the Non-Ferrous Metals, Macmillan, 1937, Part II ; D.H. Wallace, Market Control in the Aluminum Industry, Cambridge, Harvard University Press, 1937.

[16]   H.A. Innis, Settlement and the Mining Frontier, Toronto, Macmillan, 1936, Chap. VII-VIII.

[17]   Voir « Recent Industrial Growth », dans : Jean-C. Falardeau, éd., Essais sur le Québec contemporain, Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1953, Chap. II. Tableau 3.

[18]   Ibid., tableau 4.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Charles Falardeau, sociologue, Université Laval Dernière mise à jour de cette page le vendredi 8 juin 2007 14:00
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
 



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