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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Développement économique communautaire. Économie sociale et intervention. (1999)
Avant-propos


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Louis Favreau et Benoît Lévesque, Développement économique communautaire. Économie sociale et intervention. Collection “Pratiques et politiques sociales et économiques”. Québec: Les Presses de l'Université du Québec, 1999, 232 pp. Collection “Pratiques et politiques sociales et économiques”. [Autorisation formelle accordée par l'auteur le 15 mars 2022 de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]

[xv]

Développement économique communautaire.
Économie sociale et intervention
.

Avant-propos

Ce livre s'adresse à tous ceux et celles qui participent ou qui s'intéressent à la nouvelle économie sociale et au développement local et communautaire. Plus précisément, il est destiné à tous les intervenants sociaux qui s'interrogent sur l'avenir de leur profession et sur les pratiques dont ils sont les initiateurs dans leur communauté locale ou leur région. Cet ouvrage vise aussi à rendre compte des nouvelles pratiques sociales à l'œuvre depuis une dizaine d'années, principalement celles liées au développement économique communautaire (DEC) et à la nouvelle économie sociale (NÉS).

Les professions du « social » sont sérieusement ébranlées dans leurs « modèles d'intervention, « modèles » trop conçus en fonction des seules populations cibles ou de secteurs spécialisés. Ébranlées, ces professions le sont d'abord par les transformations économiques et par leurs effets sur les communautés locales et sur les régions : dualisme social et géographique, appauvrissement dramatique de certaines communautés locales, taux de chômage effarant.

Certes plusieurs intervenants sociaux, par leur formation et leur motivation initiale, ressentent un malaise à aborder ces champs d'étude et d'intervention que sont le développement local et l'économie, même [xvi] sociale. Il ne faut guère s'en surprendre puisque l'exercice de leur profession a principalement été axé sur la relation d'aide aux personnes plutôt que sur le soutien aux communautés. De plus, ces intervenants ont évolué presque exclusivement dans un cadre public où les budgets, les règles du jeu et les responsabilités étaient assurés pour les années à venir par les transferts sociaux d'un État-providence aux ressources qu'on tenait pour illimitées. On peut maintenant affirmer, sans grand risque d'erreur, que l'exercice du travail social ne sera plus comme avant et qu'en conséquence, il faudra intervenir autrement. La crise des finances publiques et les limites de l'intervention directe de l'État (y compris dans le « social ») s'imposent comme des problèmes que personne ne saurait ignorer. De plus en plus, le travail social s'exercera aussi dans un cadre associatif (communautaire) plutôt qu'exclusivement étatique : les collectivités locales et les régions prennent de plus en plus la relève des interventions centralisées de l'État, sans que ce dernier ne se désengage complètement pour autant (c'est pourquoi nous parlons de reconfiguration de l'État-providence).

Par ailleurs, la crise des finances publiques et la crise de l'emploi se combinant, le secteur public a été forcé depuis quelque temps déjà à réviser ses politiques et ses pratiques sectorielles au bénéfice de pratiques et de politiques plus transversales. Aujourd'hui plus qu'hier, il s'agit de mettre à contribution simultanément l'éducation, la santé et les services sociaux, la formation de la main-d'œuvre et le développement régional. À l'échelle locale, cette transversalité s'impose d'elle-même comme Claude Julien l'explique avec justesse, à propos de la France (cela vaut également pour le Québec) :

Dans les quartiers réputés difficiles, les travailleurs sociaux connaissent d'expérience la parfaite vanité de toute intervention sectorielle, de toute action, si bien intentionnée soit-elle, qui se limiterait à une seule cause de la « fracture sociale ». L'efficacité requiert d'agir simultanément sur tous les fronts : scolarisation proprement dite, activités culturelles et de loisirs, conditions de logement et de santé, etc. (julien, 1995, p. 17).

Il nous faut comprendre ces nouvelles réalités. Mieux les comprendre pour mieux agir. Le présent livre veut favoriser la maîtrise de ces réalités nouvelles et les pratiques qu'elles suscitent. Il s'articule ainsi autour de cinq idées principales (ou si l'on préfère, de cinq thématiques), exposées dans autant de chapitres.

Selon la première, notre société vit une mutation inédite par la triple crise qu'elle traverse : celle de l'emploi, celle de l'État-providence [xvii] et celle des communautés et des régions. Ajoutons tout de suite une idée complémentaire : l'inflexion néolibérale, en bonne partie responsable de l'approfondissement de ces crises, ne constitue pas un élément de solution et encore moins la seule réponse. En réalité, trois courants, portés par des acteurs, des réseaux et des organisations spécifiques, coexistent, s'affrontent et s'influencent mutuellement dans la société : le courant néolibéral, bien sûr, mais aussi le courant socio-institutionnel (le social-étatisme) et le courant sociocommunautaire (renvoyant à l'« empowerment » et à la prise en charge).

Dorénavant, le courant sociocommunautaire refuse le repli et le localisme pour inspirer des transformations à l'échelle de la société à travers, entre autres, le partenariat et des alliances jusqu'ici impensables. Toutefois, les jeux ne sont pas faits et de nombreux obstacles restent à surmonter. Ainsi, un ensemble de compromis sociaux font leur apparition. Le DEC et, plus largement, l'ensemble des composantes de ce qu'il est convenu d'appeler « l'économie sociale » font partie des forces qui favorisent l'émergence d'un nouveau modèle de développement. Ce courant pourrait être également qualifié de socio-démocratique dans la mesure où il valorise à la fois la démocratie représentative et la démocratie sociale (ou directe). Enfin, ce courant est porté par un ensemble de nouveaux mouvements sociaux dont le mouvement communautaire et le mouvement des femmes.

L'ensemble de l'ouvrage ne conclut pas à la fin de l'État-providence, mais plutôt à son renouvellement. L'inflexion néolibérale tend à faire oublier que l'État social est remis en cause non seulement sur son flanc droit mais aussi sur son flanc gauche, par les mouvements sociaux, notamment, par l'action communautaire. Cette mouvance sociale et politique mise sur la décentralisation des pouvoirs, sur le renforcement des collectivités locales et des régions et sur la « construction conjointe de l'offre et de la demande » dans le cadre d'une économie solidaire (Laville, 1994). Ce processus de construction suppose un État social renouvelé.

La deuxième idée que nous proposons est que, face à cette crise, une nouvelle forme de développement local ou, mieux, une nouvelle approche pour l'intervention dans les communautés locales a émergé ; il s'agit du développement économique communautaire. Cette approche se veut globale, économique et sociale, tout en étant territorialisée et inscrite dans un processus de longue durée (planification stratégique).

[xviii]

Développement local et développement économique communautaire

Il n'existe pas de typologie et de définition bien arrêtées du développement local bien que certains insistent sur le développement économique par la création de PME tels les commissariats industriels et les corporations de développement économique, d'autres sur le développement social telle l'approche traditionnelle des intervenants sociaux. Le développement économique communautaire (DEC) a la prétention de prendre en charge ces deux dimensions, du moins, l'espace où elles se superposent (p. ex., l'employabilité et la crise de l'emploi). En fait, ces notions sont complexes et fortement connotées sur le plan politique. Complexes parce que le développement local est au carrefour de plusieurs disciplines (économie, gestion, géographie, sociologie, sciences du développement régional, travail social) et est analysé à partir d'approches théoriques différentes, voire opposées (coût de transaction, districts industriels, milieu innovateur, systèmes locaux de production, communauté d'appartenance, etc.).

Historiquement, il est plus facile de trouver quelques points de repères quant aux pratiques :

* La notion du développement régional s'est d'abord imposée dans les années 1960 à partir de l'aide du gouvernement fédéral aux régions rurales (ARDA) puis à des zones urbaines dites « désignées ». La déconcentration administrative et la modernisation des services collectifs sous l'impulsion de l'État québécois ont permis la création ou la consolidation de « capitales régionales ».

* Le développement local, quant à lui, s'est imposé dans les années 1970 d'abord comme remise en question des politiques de développement régional, puis, comme complément aux politiques macroéconomiques dans les années 1980. Ainsi, dans les années 1970, les Opérations Dignité et surtout l'expérience du JAL dans le Bas-Saint-Laurent remettent en cause les politiques de développement régional qui n'ont pas eu de retombées positives pour les zones les plus défavorisées (p. ex., la fermeture de paroisses). Par la suite, soit à partir des années 1980 et notamment avec la création des Sociétés d'aide au développement des collectivités (SADC), le développement local est reconnu comme complémentaire aux politiques industrielles plus orientées vers la nouvelle économie et l'exportation.

* L'expression développement économique communautaire (DEC) a été popularisée au Québec à partir des expériences de développement local en milieu urbain et, notamment, par les Corporations de développement économique communautaire (CDEC), inspirées à la fois par les expériences américaines et par les expériences du JAL et de l'Est du Québec. Dans un cas comme dans l'autre, on retrouve un [xix] même souci de faire le lien entre le développement économique et le développement social. Les Corporations de développement communautaire (CDC) qui se mettront en place dans les petites et moyennes villes accorderont plus d'attention au développement social mais tenteront également de faire la liaison entre « l'économique » (la création d'entreprises et d'emplois) et le social (qualité de vie et services collectifs). Toutes ces initiatives visent la « reprise en main » des collectivités dans le besoin, d'où une forte connotation politique.

Sans reprendre ici les caractéristiques du DEC qui sont exposées dans cet ouvrage, indiquons simplement qu'il suppose une gouvernance locale (CDEC, CDC, SADC), soucieuse non seulement d'établir des liens entre le développement économique et le développement social mais de représenter également les forces vives du milieu. Dans cette visée, ces instances sont généralement plus attentives aux entreprises d'économie sociale qui parviennent mieux que d'autres à établir ces liens en plus d'avoir un fonctionnement démocratique. Cela dit, les entreprises de l'économie sociale ne peuvent constituer à elles seules un DEC. De même, les Corporations de développement économique (et les commissariats industriels), dans la mesure où leurs interventions ne sont centrées que sur la création d'entreprises, ne font pas partie du DEC bien qu'elles soient fort utiles et pertinentes pour le développement local.

Compte tenu des expériences déjà citées, tant en milieu rural qu'en milieu urbain, le développement économique communautaire (DEC) est une approche globale de revitalisation économique et sociale des collectivités locales qui conjugue les quatre éléments suivants :

1) le déploiement d'un ensemble d'activités de production et de vente de biens et de services. C'est la dimension économique du DEC ;

2) la mise en valeur des ressources locales sur un territoire donné, dans le cadre d'une démarche partenariale où les principales composantes de la communauté s'y engagent (secteur communautaire, secteur privé, institutions publiques locales), démarche qui anime également la mise à contribution de ressources externes en fonction de la communauté. C'est la dimension locale du DEC ;

3) la revitalisation économique et sociale d'un territoire (emploi, logement, formation, santé et services sociaux...) et la réappropriation par la population résidente de son devenir économique et social (empowerment et gouvernance locale). C'est la dimension sociale et politique du DEC ;

4) la communauté comme point de départ et comme point d'arrivée en tant qu'espace du vivre ensemble » et le communautaire en tant que dispositif associatif premier de revitalisation. C'est la dimension communautaire du DEC.

[xx]

Elle est partiellement soutenue par les pouvoirs publics et constitutivement partenariale (avec les organisations du réseau public ou même avec les entreprises). Ainsi, les CLSC et les municipalités peuvent contribuer de façon significative au renforcement de cette démarche puisque les uns et les autres sont attentifs à la richesse que représentent l'enracinement et la proximité caractérisant les communautés locales.

Une troisième idée maîtresse souligne la diversité et la richesse des initiatives relevant du DEC. À cette fin, nous présenterons quelques études de cas. Une typologie de ces initiatives nous permettra de mieux saisir leur contribution respective et leurs dénominateurs communs. En réponse à la récession de longue durée et à la redéfinition de l'État dans le développement économique et social, une mobilisation de la « société civile » s'est progressivement opérée. Du côté du mouvement communautaire, cette mobilisation s'est réalisée par la mise en œuvre d'initiatives territorialisées de revitalisation économique et sociale, tels les Comités régionaux de relance de l'économie et de l'emploi (CREE), les Corporations de développement économique communautaire (CDÉC) et les Corporations de développement communautaire (CDC). Il faut aussi mentionner les initiatives d'insertion sociale par le travail relevant de l'économie sociale : entreprises communautaires, organismes communautaires de développement de l'employabilité, fonds communautaires et syndicaux de développement, associations d'emprunts, etc. Le chapitre trois tentera de rendre compte de ces diverses expérimentations.

Une quatrième thématique est fondée sur l'étude des politiques publiques d'insertion sociale : à notre avis, ces politiques fonctionnent pour la plupart à l'urgence et dans le cadre d'une logique surtout catégorielle. Nous faisons, cependant, l'hypothèse qu'il y a des brèches intéressantes à la fois pour le développement économique communautaire et pour la reconfiguration de l'État-providence. Ce dernier, tel que nous l'avons connu à partir des années 1960, a souvent transformé ses citoyens en assistés parce qu'il les inscrivait dans une logique trop centrée sur la redistribution (Perret, 1994). Sur ce point comme sur les autres reliés à la triple crise, le renouvellement des rapports entre les communautés locales et les pouvoirs publics peut contribuer à fournir des réponses qui débouchent sur un autre modèle de développement économique et social. C'est sur cette question que nous nous pencherons au chapitre quatre.

Enfin, dans le cinquième chapitre, nous faisons valoir que le DEC peut passer du stade de l'expérimentation à celui d'une institutionnalisation [xxi] qui reconnaîtrait les communautés locales en tant qu'espaces publics intermédiaires entre l'État et les citoyens. Cette reconnaissance prendrait sa signification dans le cadre d'un projet de société qui saurait allier la démocratie représentative (partis politiques, élections et assemblée parlementaire) et la démocratie sociale (celle des organisations communautaires et des entreprises d'économie sociale).

Les interventions et expériences de DEC risquent d'être limitées aux seuls terrains de l'expérimentation si elles ne sont pas soutenues adéquatement par les pouvoirs publics et si elles se replient sur elles-mêmes. En revanche, si elles s'inscrivent dans les réseaux et participent à des alliances relativement larges, elles pourront faire émerger de nouvelles instances d'accompagnement du développement sur l'ensemble des quartiers et des régions en difficulté et influer positivement sur les forces vives du développement de l'ensemble de la société québécoise. Ces cinq idées-forces ne relèvent ni de l'utopie, ni d'un pur volontarisme : elles s'appuient sur des recherches portant sur de nouvelles pratiques sociales et des expérimentations sociales dans l'économie. Dans cette optique, les recherches que nous avons réalisées, séparément ou conjointement, relèvent, selon le cas, aussi bien de la sociologie économique que du travail social. Depuis six ou sept ans, elles procèdent d'un cadre théorique commun, celui du Collectif de recherche sur les innovations sociales dans les entreprises et les syndicats (CRISES) [1] dont l'un des volets est l'analyse de l'économie sociale [2]. Ce cadre théorique s'inscrit également dans un courant analytique international (Defourny et Monzon Campos, 1992 ; Laville, 1992 et 1994) où les

[xxii]

Nouvelle économie sociale (NÉS) et ancienne économie sociale

L'économie sociale désigne une forme particulière d'entreprise combinant une association et une entreprise, à partir d'un certain nombre de règles touchant le fonctionnement démocratique, les activités, la nature du membership, la répartition des surplus. Ce faisant, l'entreprise d'économie sociale remet en cause la domination du capital tout en réalisant une certaine adaptation au marché. Il s'agit généralement d'activités nécessaires mais délaissées par le capitalisme ou par l'État. Juridiquement, l'entreprise d'économie sociale peut être une coopérative, une mutuelle, une OSBL ou même une société à capital-actions (à condition, dans ce cas, que les actionnaires se donnent des règles conformes aux visées de l'économie sociale).

Parler de nouvelle et d'ancienne économie sociale renvoie à des générations différentes mais aussi à des acteurs et à des demandes sociales différentes. Ainsi, l'économie sociale au Québec a émergé au XIXe siècle, portée principalement par les petits producteurs (agriculteurs) qui tentaient de se protéger contre la montée de la marchandisation en créant des coopératives d'approvisionnement pour les intrants {input) et d'écoulement ou de mise en marché pour les extrants (output). Dans les milieux ouvriers émergent également des sociétés d'entraide (les mutuelles d'assurance) pour les imprévus, étant donné que le salaire ne couvre alors que la subsistance. Enfin, au début du siècle, Alphonse Desjardins crée la première caisse d'épargne et de crédit. À partir des années 1920 et, principalement, à partir de la crise des années 1930, on assiste à la multiplication des coopératives dans les secteurs les plus variés dont la consommation, l'habitation, les pêcheries, la forêt, etc.

[xxiii]

La nouvelle économie sociale (NÉS) émerge surtout à partir des années 1970 sous la poussée de nouveaux mouvements sociaux et de nouvelles demandes sociales. D'abord, dans la production et dans le travail, on assiste à la création de coopératives de travail pour maintenir des entreprises menacées de fermeture (par exemple, Tricofil). Des jeunes sortant de l'université et désireux de travailler autrement mettent également sur pied des entreprises coopératives dans le domaine du théâtre, de la recherche, des communications, etc. Enfin, dans les années 1980, des coopératives de travailleurs actionnaires permettent à ces derniers de participer plus directement à la gestion et à l'orientation de leur entreprise tout en renouvelant l'organisation du travail.

Dans les services collectifs et les services de proximité, le nombre de nouvelles entreprises relevant de l'économie sociale pourrait atteindre les 5 000 à l'échelle du Québec, si l'on inclut les coopératives d'habitation, les garderies populaires, les centres de femmes et de santé, les maisons de jeunes, les entreprises d'insertion. Les entreprises de la NÉS qui évoluent dans le secteur des services de proximité sont également appelées entreprises de l'économie solidaire (Laville, 1994). Cette appellation met bien en lumière la construction conjointe de l'offre et la demande par les travailleurs et les usagers, comme on le voit dans les garderies. Ce faisant, la NÉS dans le secteur des services favorise une plus forte implication des travailleurs et des usagers.

Des organismes de gouvernance du développement local, telles les CDÉC et les CDC, relèvent de la NÉS dans la mesure où elles réalisent des arbitrages entre des visées économiques et des visées sociales. Cependant, toutes les entreprises soutenues par ces organismes de gouvernance (p. ex., l'aide à des PME et l'aide à des grandes entreprises) ne relèvent pas nécessairement de l'économie sociale.

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[xxiv]

auteurs réfléchissent sur la contribution de l'économie sociale dans l'élaboration d'un nouveau projet de société. Finalement, ce livre représente l'aboutissement d'une longue trajectoire d'échanges et de débats (colloques, séminaires, sessions de formation, etc.) avec des intervenants sociaux et économiques de plusieurs régions du Québec, notamment de l'Est du Québec, de Montréal, des Bois-Francs et de l'Outaouais.

Enfin, cet ouvrage sera pour ses lecteurs un heureux complément, d'une part, au livre écrit sous la direction de Benoît Lévesque en 1979 et intitulé Animation sociale, entreprises communautaires et coopératives, livre précurseur ouvrant la voie de l'intervention sociale axée sur le développement local et l'entrepreneurship collectif, et, d'autre part, à celui de Laval Doucet et Louis Favreau publié en 1991, Théorie et pratiques en organisation communautaire, livre qui renouvelait la perspective de l'organisation communautaire trop longtemps identifiée au Québec à la seule stratégie de l'action sociale et de l'éducation populaire.

Soulignons finalement qu'au moment de mettre sous presse cet ouvrage, le Sommet économique et social du gouvernement du Québec occupe l'avant-scène de l'actualité. Constat clé de tous les observateurs et de tous les participants à ce Sommet : le « milieu sociocommunautaire » et l'économie sociale ont eu une présence significative. Événement politique majeur, ce Sommet est venu confirmer la pertinence et la force des thèmes centraux abordés dans cet ouvrage soit le mouvement communautaire, le développement économique communautaire et l'économie sociale. Plus globalement, le Sommet vient confirmer le « milieu socio-communautaire » comme nouvel acteur collectif dans le devenir économique et social du Québec.

Cet ouvrage, qui est le produit d'une dizaine d'années de travaux de recherche et de réflexions sur ces questions, veut, très précisément, fournir quelques clés pour mieux comprendre et mieux interpréter les tendances sociales qui font du « communautaire » et de l'économie sociale des composantes incontournables de notre société à l'aube de l'an 2000.

Louis Favreau et Benoît Lévesque,

1er novembre 1996



[1] De ce point de vue, nous sommes également redevables des recherches et réflexions d'autres membres du CRISES ; nous pensons, notamment, à Paul R. Bélanger, Marie Bouchard, Jacques Boucher, Yves Comeau, Marie-Claire Malo, Carol Saucier et Yves Vaillancourt.

[2] Mentionnons, entre autres, huit recherches réalisées dans les cinq dernières années : une recherche sur les initiatives de DEC menées par Louis Favreau avec William Ninacs (Favreau et Ninacs, 1993) ; une autre menée par Louis Favreau dans le cadre d'un Comité de relance de l'économie et de l'emploi en Outaouais (Favreau, 1995) ; une troisième sur les entreprises d'économie sociale menée conjointement (Favreau, Lévesque et al, 1995) (recherche en cours) ; toujours conjointement, une quatrième sur les coopératives jeunesse de services (en collaboration avec le RCCT) ; une cinquième sur les fonds communautaires de développement (Lévesque, Mendell et al, 1996) ; une sixième sur la participation syndicale dans le développement local et régional (Lévesque, 1992) ; une septième sur l'économie sociale au Québec (Lévesque et Malo, 1992) et une dernière sur l'organisation communautaire en CLSC (Favreau et Hurtubise, 1993).



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le vendredi 17 juin 2022 9:45
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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