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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Jacques T. Godbout, “La participation politique: leçons des dernières décennies” (1991)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Jacques T. Godbout, La participation politique: leçons des dernières décennies”. Un article publié dans l’ouvrage sous la direction de Jacques T. Godbout, La participation politique. Leçons des dernières décennies, chapitre 1, pp. 11-31. Québec: Institut québécois de la culture, 1991, 301 pp. Collection : Questions de culture. [Autorisation accordée par M. Jacques T. Godbout, sociologue, le 13 juillet 2004, de diffuser cette oeuvre.]
Introduction

La naïveté qui caractérisait l'attitude des années 1960 face à la participation n'est plus de mise. Les effets pervers que cette idée généreuse a trop souvent entraînés sont aujourd'hui reconnus, sauf par ceux qui refusent de tirer une leçon quelconque du passé comme aux plus beaux jours de la Révolution tranquille, ou par ceux qui sont trop bien servis par cette idée dans leur position de pouvoir.

Cela étant admis, il est également vrai que tant qu'existera la démocratie représentative, la participation demeurera un ingrédient indispensable à la vie politique, même si elle s'exerce souvent contre la démocratie. Car la démocratie n'est pas le marché. Autrement dit, le citoyen n'est jamais entièrement extérieur à « son » gouvernement ; il n'y est jamais comme un pur étranger, à la manière du consommateur dans le rapport marchand (preuve par l'absurde : s'il le devient, la démocratie cesse d'opérer...). On ne change pas de gouvernement et de communauté comme on change de voiture, quoi qu'en disent les tenants du néo-libéralisme, du public choice et du « vote avec ses pieds ». C'est pourquoi ce pouvoir de retrait que possède le consommateur sur le marché, le citoyen en dispose dans une proportion beaucoup plus faible. Le citoyen doit donc « compenser » cette plus faible possibilité de retrait (d'exit, dirait Hirschman) par autre chose. Cet ingrédient, c'est la participation, qui découle du fait que le citoyen est un membre du même ensemble que ceux qui le gouvernent.

Ce statut de membre n'empêche toutefois pas le citoyen d'être aussi relativement étranger a son gouvernement, de le juger comme s'il était extérieur. C'est ce qui distingue la démocratie représentative de la démocratie directe, dans laquelle tous sont membres actifs et décisionnels. La démocratie représentative est un système dans lequel la relation gouvernants-gouvernés échappe en partie au principe de la participation à un ensemble où tous sont membres actifs et décisionnels. Le droit à l'opposition - et donc à un certain type de retrait - est au cœur de la démocratie moderne et fonde les droits de la personne. Or, la participation tend à restreindre ce droit au retrait et à l'opposition. Elle tend à le limiter au droit à « faire valoir son opinion ». Comme la participation existera toujours, le danger qu'elle se transforme en instrument pour faire taire l'opposition et empêcher de changer les décideurs lorsque l'on en n'est plus satisfait sera donc aussi toujours présent.

Compte tenu du fait que le Québec a été un véritable laboratoire de la participation pendant quelques décennies, comment peut-on envisager aujourd'hui, sans naïveté mais sans cynisme, le présent et l'avenir de la participation, le nécessaire mélange entre la mobilisation des citoyens et l'exercice de leur droit à l'opposition, l'apport éventuel de certaines formes de démocratie directe à la démocratie représentative qui par ailleurs est là pour rester?

Bref, la naïveté est dépassée, mais la participation doit exister dans une société démocratique. Compte tenu de la richesse de l'expérience québécoise de participation et des différentes approches théoriques et points de vue que l'on peut adopter, comment envisager aujourd'hui la participation ?

Le texte qui précède a été communiqué aux auteurs invités à collaborer au présent ouvrage sur la participation. Volontairement, aucune définition n'a été proposée, laissant à chacun le soin de circonscrire le phénomène étudié. La participation des travailleurs à l'intérieur de l'entreprise a toutefois été exclue, considérant qu'à elle seule elle aurait supposé un volume complet de la collection « Questions de culture ». Nous nous en sommes donc tenus à ce que l'on appelle couramment la participation politique. Malgré cette limite, le champ couvert par les auteurs touche presque tous les phénomènes importants survenus au Québec depuis la Révolution tranquille. La convergence qui en ressort, sous l'éclatement apparent et la multiplicité des perspectives et des angles d'approche, est d'autant plus remarquable et riche d'enseignements concernant la participation.

Mais commençons par étaler le champ couvert avant de nous pencher sur les convergences. La participation est partout comme en fait foi l'étendue du champ couvert par les auteurs.

-     Je vais voter? Je participe.
-     Je fais partie d'un comité d'école ? Je participe.
-     Je suis membre d'un club de pétanque, de l'âge d'or, etc. ? Je participe.
-     Je manifeste contre la loi 63, pour le désarmement? Je  participe.
-     Je pose des bombes en tant que membre du FLQ ? Je participe.
-     Je fonde une revue (Mainmise, Parti pris, etc.) ? Je participe.
-     Je fais partie d'un conseil supérieur quelconque ? Je participe.

La participation fait flèche de tout bois et sert à identifier toute manifestation des citoyens « ordinaires », de ceux qui n'ont pas de pouvoir. Cela n'est pas sans danger, dans la mesure où plus une société fonctionne mal, plus il y a de probabilités, dans une démocratie, que le nombre de personnes qui manifestent et se manifestent augmente. On peut ainsi facilement être entraîné à conclure que plus une société est en crise, plus elle participe, et qu'il est donc souhaitable qu'elle soit en crise! On en arrive en outre à considérer toute manifestation d'opposition non seulement comme positive, mais aussi comme représentant un phénomène nouveau.

Or, s'il existe bien de nouvelles formes de participation, il est difficile de considérer nouvelle toute forme de contestation du pouvoir : les groupes de pression, les lobbies et même les manifestations font partie intégrante de l'histoire des démocraties représentatives et ont même été essentiels à l'avènement de ces dernières. Il n'y a rien de nouveau dans tout cela. Mais il est également vrai que, comme l'affirme Léon Dion, « la mise en place de nouvelles formes de participation a immensément étendu le champ de la représentation politique » (Le Devoir, 31 octobre 1990).

Quelles sont ces nouvelles formes ? Parmi tout ce que nos collaborateurs présentent dans cet ouvrage, quels éléments ont-ils considérés comme une contribution nouvelle à la démocratie ? Certains éléments ont-ils, au contraire, contribué à réduire le champ démocratique ?


Retour au texte de l'auteur: Jacques T. Godbout, sociologue, INRS-urbanisation. Dernière mise à jour de cette page le Dimanche 21 août 2005 08:29
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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