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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

MYTHE ET MÉTAPHYSIQUE. INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE. (1953)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Georges Gusdorf, MYTHE ET MÉTAPHYSIQUE. INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE. Paris: Flammarion, Éditeur, 1953, 267 pp. Collection: Nouvelle bibliothèque scientifique. Une édition numérique en voie de réalisation par Loyola Leroux, bénévole, professeur de philosophie retraité du Cégep de Saint-Jérôme, près de Montréal.[Autorisation des ayant-droit le 2 février 2013 de diffuser l'oeuvre de l'auteur dans Les Classiques des sciences sociales.]

[7]

MYTHE ET MÉTAPHYSIQUE.
introduction à la philosophie


Introduction


La pensée philosophique, dans la mesure même où elle s'efforce vers la rationalité, justifie chacune de ses affirmations selon les normes de l'intelligibilité logique. Toute doctrine se présente ainsi comme un corps de vérités abstraites, valables en dehors de l'espace et du temps. Chaque système recommence pour son compte l'entreprise de la raison, et prétend d'ailleurs, pour son compte, l'achever. Il fournit un point de vue absolu sur la totalité du réel.

Il y a là une sorte de paradoxe. La réflexion philosophique - bien qu'elle se veuille indépendante de l'histoire, ou maîtresse, le cas échéant, d'un secret qui donne la clef de l'histoire, comme il arrive chez Hegel ou chez Marx - apparaît pourtant dans le mouvement de l'histoire. La pensée la plus novatrice a des antécédents, non seulement ceux qu'elle reconnaît parfois, mais aussi d'autres, plus surprenants, que l'on découvre après coup. Il y a un thomisme de Descartes et un intellectualisme de Bergson. D'autre part, en dépit de ses prétentions, une pensée n'arrête pas l'histoire. Elle est un moment de l'histoire. Et le fait qu'apparaissent toujours de nouvelles philosophies prouve bien que toute doctrine vaut dans un certain horizon. À mesure que changent, avec le temps, les circonstances et les situations, de nouvelles justifications en idée s'avèrent nécessaires et de nouvelles doctrines se manifestent. Aucune philosophie n'a jamais pu mettre fin à la philosophie ; et pourtant c'est là le vœu secret de toute philosophie.

Toute philosophie a donc un passé et un avenir dont les dimensions pèsent sur sa réalité présente. La polarité de l'avenir, bien que très réelle, demeure mystérieuse et ne sera révélée qu'ensuite, dans la perspective [8] d'une rétrospection, à l'historien des temps futurs. Au contraire, l'influence du passé se lit comme en filigrane dans le message de toute doctrine nouvelle. Nous sommes habitués, en face d'une pensée, à rechercher ses origines. Seulement, d'une manière générale, cette recherche procède d'une génération à la génération précédente et s'arrête lorsque cesse toute filiation intelligible, lorsque les thèmes et les structures de pensée paraissent ne plus présenter de commune mesure.

On peut néanmoins concevoir une recherche d'un type plus général qui, par delà les origines de telle ou telle philosophie, s'intéresserait aux origines de la philosophie elle-même. Autrement dit, le développement de la pensée doctrinale a lui-même ses antécédents. Il y a une préhistoire avant cette histoire ; et l'on peut admettre sans grand risque d'erreur que le mouvement de la raison raisonnante porte d'une manière ou d'une autre la marque de son hérédité pré-rationnelle. Nous voudrions procéder ici à un examen des origines de la pensée réfléchie. Notre travail se présente donc comme une introduction à l'ontologie. Il se donne pour tâche de montrer comment les problèmes de la philosophie traditionnelle se sont dégagés peu à peu d'une première saisie totalitaire du monde, où l'univers du discours adhérait encore à la réalité des choses. La conscience philosophique est née de la conscience mythique, dont elle s'est dégagée lentement, par là rupture d'un équilibre où se trouvait atteinte une harmonie désormais perdue à jamais. La philosophie conservera d'ailleurs la nostalgie de ses origines. Elle vise à la restauration de l'ordre originaire. La conscience mythique, refoulée, n'est pas morte. Elle s'affirme chez les philosophes eux-mêmes et sa persistance secrète anime peut-être leur entreprise dans ce qu'elle a de meilleur. Il ne s'agit donc pas pour nous d'une simple archéologie de la raison. L'intérêt pour le passé n'est ici qu'une forme de la préoccupation de l'actuel.

C'est pourquoi ce livre constitue en fait une critique de la loi des trois états, définie par Comte, en vertu de laquelle l'humanité passerait d'une manière continue de l'âge théologique à l'âge métaphysique, puis à l'âge positif. Cette philosophie de l'esprit devait se retrouver chez Lévy-Brühl, dans la majeure partie de son œuvre publiée, et chez Léon Brunschvicg, dans la doctrine des Ages de l'Intelligence. Le but de ce travail, à la lumière des développements récents de l'ethnologie et de la pensée existentielle, est de faire apparaître l'insuffisance de ce schéma - et de proposer, au lieu de la lecture en discontinuité, une lecture en continuité du progrès de la pensée humaine.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 31 mai 2014 8:43
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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