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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

L'ANALYSE DES STRUCTURES SOCIALES RÉGIONALES.
Étude sociologique de la région de Saint-Jérôme
. (1963)
Avant-propos


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Fernand Dumont et Yves Martin, L'ANALYSE DES STRUCTURES SOCIALES RÉGIONALES. Étude sociologique de la région de Saint-Jérôme. Québec: Les Presses de l'Université Laval, 1963, 269 pp. [Le 7 février 2006, Monsieur Yves Martin nous autorisait la diffusion de toutes ses publications dans Les Classiques des sciences sociales.]

[3]

L’ANALYSE DES STRUCTURES SOCIALES RÉGIONALES.

Étude sociologique de la région de Saint-Jérôme.


Avant-propos


En la présente conjoncture de notre société, est-il besoin de souligner longuement la nécessité des études régionales ?

Dans la littérature courante aussi bien que dans les hypothèses des sociologues, on a un peu trop tendance à se représenter les Canadiens français et leur milieu de façon monolithique. On l'aura vu, par exemple, à l'occasion des discussions sur le nationalisme. On le constate encore si on se reporte aux propos plus récents sur le patronage politique et ses enracinements dans nos structures sociales. Pour l'heure, et de toute évidence, la réflexion sociologique sur notre société doit se diversifier. Les études régionales, entre autres, revêtent ainsi une signification toute particulière. Nous soupçonnons que beaucoup de caractéristiques distinguent les Canadiens français de la Gaspésie de ceux de Montréal. Bien plus, certains mécanismes très importants de notre société, en particulier au plan de l'organisation sociale, ne peuvent bien apparaître que dans le contexte de l'analyse régionale.

Cette urgence de la recherche scientifique rejoint des préoccupations politiques, récentes elles aussi, plus soucieuses des situations et des genres de vie concrets. Dans les cercles des partis comme dans les administrations, on parle [4] de plus en plus de planification et d'aménagement du territoire. Ces propos resteront fort généraux et fort abstraits si on ne dispose pas, avant longtemps, d'une connaissance plus concrète et plus nuancée du territoire. Et nous croyons que, parmi les sciences de l'homme, la sociologie devrait occuper, dans ce genre d'investigations, une place éminente : en effet, il ne s'agit pas simplement de repérer des ressources ou même des pôles économiques de développement, mais tout aussi bien de connaître, pour chaque unité de l'espace, les attitudes de la population vis-à-vis ses propres problèmes et les points d'appui comme les obstacles que l'organisation sociale offre à une planification à la fois démocratique et efficace. [1]

Cette double perspective a inspiré la monographie régionale que nous publions aujourd'hui. Et comme les études sociologiques de ce genre sont à peu près inexistantes dans notre milieu, nous avons accordé une assez large place aux considérations théoriques et méthodologiques. Pour les auteurs, cette recherche sur le terrain a d'abord été une « expérience » au sens le plus large : elle devait leur permettre de féconder des réflexions de plus ample portée dont ils projettent de rendre compte de manière plus exhaustive dans un avenir pas trop éloigné. C'est pourquoi nos trois chapitres purement monographiques ont été encadrés par un premier chapitre sur le mode d'approche sociologique de la région et par un dernier chapitre qui tente de généraliser certaines de nos observations à l'ensemble du territoire québécois et, plus largement encore, de cerner certaines hypothèses sur les recherches plus proprement méthodologiques à poursuivre pour l'analyse des structures sociales régionales.

[5]

Cette monographie a été élaborée en des circonstances dont il nous faut dire quelques mots. En 1956, Monseigneur Émilien Frenette, Évêque de Saint-Jérôme, confiait au Centre de recherches de la Faculté des sciences sociales de l'Université Laval une étude sociologique de son diocèse ; cette enquête devait servir, en particulier, à la préparation d'une mission diocésaine analogue à celles qui se pratiquent en France depuis quelques années. La mission devait couvrir tout le diocèse et, du moins au stade où elle était au moment où débutait notre travail, ses responsables n'avaient pas l'intention de la faire porter sur tel point particulier de pastorale. On voit les dimensions du problème : la vie religieuse dans un diocèse comptant alors quarante-huit paroisses. Il nous était donc interdit de procéder, au départ, à un quelconque échantillonnage de localités ou de populations : nous devions étudier l'ensemble du territoire sans, pour cela, en négliger les éléments de diversité. Les exigences de la mission diocésaine, la nature même de la réalité à étudier nous obligeaient à reconstituer, dans une première phase de recherche, la structure sociale de la région. Le présent ouvrage ne reproduit pas le rapport qui fut remis aux autorités diocésaines ; nous en avons largement utilisé la matière tout en procédant à un ordonnancement nouveau plus conforme aux intentions spécifiques que nous exposons dans notre premier chapitre. [2] On remarquera aussitôt que la délimitation de la région étudiée nous a été imposée par les circonstances ; nous reviendrons d'ailleurs sur la question plus loin. D'autre part, les statistiques utilisées ici se rapportent à une période qui ne dépasse pas 1956 : ce décalage ne nous paraît pas important eu égard aux objectifs poursuivis et à la démarche adoptée dans la présente étude. Nous sommes très conscients que la région [6] en question se transforme rapidement : mais pour comprendre ces changements, il faudra toujours se reporter à une perspective génétique semblable à celle qui a été la nôtre.

Au lecteur qui nous suivra jusqu'au bout, certaines descriptions minutieuses paraîtront souvent un peu appuyées. Il n'y a pas lieu de nous en excuser. Nous avons essayé de rendre compte de la vie concrète des hommes dans une région de notre pays. Tentant de réagir contre des généralisations traditionnelles, nous avons voulu retrouver des sources neuves d'hypothèses sociologiques sur le milieu. L'existence de nos compatriotes nous est apparue plus quotidienne et plus prosaïque que dans bien des rêveries idéologiques habituelles. Sans doute sommes-nous ainsi plus près de ces petits combats incessants d'où naissent les idéologies - et plus fidèles aussi aux intentions premières de la sociologie. [3]



[1] On nous permettra de renvoyer à des articles où chacun des auteurs a développé ce thème : Fernand DUMONT, « L'aménagement du territoire : quelques perspectives globales », Recherches sociographiques, 1, 4, octobre-décembre 1960, 385-899 ; YVES MARTIN, « L'aménagement des régions rurales », Agriculture, XIX, 2, mars-avril 1962, 34-39.

[2] La seconde partie des recherches empiriques sur le diocèse de Saint-Jérôme a porté sur les groupements religieux. On en trouvera quelques résultats, encadrés dans des perspectives théoriques plus larges, dans un ouvrage qui paraîtra peu après celui-ci : Fernand DUMONT, Recherches sur les groupements religieux.

[3] Nous tenons à remercier vivement les personnes et les institutions qui nous ont accordé l'assistance et l'aide financière nécessaires à la poursuite de nos travaux. Nous sommes d'abord très reconnaissants à Monseigneur Émilien Frenette, Évêque de Saint Jérôme, qui en a été le premier instigateur et qui nous a permis d'utiliser librement les résultats de notre enquête. En outre de l'aide financière fournie par le Diocèse, nous avons bénéficié, grâce à la subvention accordée par la Carnegie Corporation de New-York, des services du Centre de recherches de la Faculté des sciences sociales de l'Université Laval. Dans le travail préliminaire de dépouillement et d'analyse de notre documentation, nous avons eu la collaboration active et intelligente de MM. Marc Lessard et Robert Sévigny qui furent alors nos assistants au Centre de recherches. Parmi nos informateurs, nous tenons à rappeler les noms de Mgr Paul-Émile Charbonneau et de M. le chanoine Maurice Matte chez qui nous avons toujours trouvé une aide attentive et amicale. L'appareil cartographique de cet ouvrage a été mis au point par M. Jacques Lemieux, à l'aide d'une documentation gracieusement fournie par M. J. Jacques Lefebvre du Bureau fédéral de la statistique et par M. Georges Côté du Ministère des Terres et Forêts de Québec. Enfin, madame Jacques Matte et mademoiselle Gisèle Labrie ont exécuté avec leur compétence coutumière le fastidieux travail de transcription du manuscrit. À toutes ces personnes, nous exprimons notre gratitude profonde.



Retour au texte de l'auteur: Yves Martin, sociologue, Université Laval Dernière mise à jour de cette page le mercredi 2 juin 2021 6:00
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cegep de Chicoutimi.
 



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