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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir de l'article d'André Normandeau, “Stratégies de changement et politiques pénales”. Un article publié dans la revue Criminologie, vol. 19, no 1, 1986, pp. 171-187. Montréal: Les Presses de l'Université de Montréal. [Autorisation formelle de l'auteur accordée le 31 mai 2005 de diffuser toutes ses publications sur le portail web Les Classiques des science sociales.] Introduction
Au moment où la criminologie québécoise, du moins au niveau de son expression universitaire en enseignement et en recherche, fête ses vingt-cinq (25) ans de productivité officielle (1960-1985), il nous apparaît pertinent de tracer un bilan critique des politiques pénales, particulièrement en matière correctionnelle adulte, au Québec et au Canada depuis 1960. En effet, l'hypothèse veut qu'un certain lien existe entre les travaux scientifiques, d'une part, et les politiques, d'autre part, comme si l'évolution des « idées » et des « faits » relevait d'une dialectique rigoureuse conduite par un fil d'Ariane symbolique, selon l'image de la mythologie grecque où Ariane donna à Thésée le fil qui lui permit de sortir du labyrinthe, après avoir vaincu le minotaure. Ce fil, nous nous en doutons bien, est plutôt mince. D'un côté, les universitaires et les chercheurs en criminologie ont souvent l'impression que leurs idées et les résultats de leurs travaux ne sont pas utilisés par les administrateurs publics et les praticiens qui travaillent dans le domaine de la justice pénale ; de l'autre, ces derniers ne manifestent pas d'intérêt particulier pour la théorie et la recherche et préfèrent souvent se fier au sens commun et à l'expérience du vécu. Nous nous retrouvons ainsi entre deux solitudes. Pourtant, la réalité est plus complexe, particulièrement au royaume de la criminologie et de la justice. En effet, la criminologie est à la fois une science et un art, une discipline fondamentale et appliquée, au carrefour du droit, de la sociologie et de la psychologie. À ce titre, la criminologie québécoise s'est distinguée par une volonté d'allier la théorie à la pratique, « pour le meilleur et pour le pire ». Nous renvoyons le lecteur à l'histoire de cette criminologie qui est en quelque sorte une toile de fond où se dessine, au moins en partie, le portrait des politiques québécoises et canadiennes (Criminologie, 1977, Szabo, 1978 ; Bertrand et Normandeau, 1984 ; LeBlanc et Szabo, 1985). Par ailleurs, le bilan « descriptif » des politiques a déjà été tracé autant pour le Québec (Prévost, 1970 ; Gauthier, 1985) que pour le Canada (Ouimet, 1969 ; Brodeur et Landreville, 1979 ; Griffiths, Klein et Verdun-Jones, 1980 ; Woods et Sim, 1981 ; Ekstedt et Griffiths, 1984). Le lecteur est invité à s'y référer. Pour notre part, nous partons de cette matière première pour esquisser le portrait idéologique de « certains » changements en matière de politiques pénales. Trois perspectives s'offrent à notre regard à ce sujet : a) la perspective conservatrice ; b) la perspective libérale-pluraliste ; et c) la perspective radicale-élitiste (Shover, 1979). La perspective radicale est importante (Gosselin, 1977) et mériterait un long exposé que nous réservons pour une autre occasion. Compte tenu que les perspectives conservatrices et libérales sont prédominantes pour l'ensemble de l'Amérique du Nord, autant au Québec qu'au Canada et aux États-Unis, nous les utiliserons comme toile de fond à notre analyse. Auparavant, toutefois, il est nécessaire, à notre avis, de résumer le processus politique qui gère l'élaboration des politiques pénales en Amérique, comme d'ailleurs dans la plupart des pays démocratiques, afin de comprendre un tant soit peu la dynamique du changement, à cheval, selon l'expression de Szabo (1969), entre la « néoténie » (une orientation favorable au changement) et le « misonéisme » (la résistance au changement).
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