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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Michel Pichette, Développer des médias citoyens (1997)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Michel Pichette, Développer des médias citoyens”. Communication, Colloque de la Revue Fréquence, UQAM, 1997. [Autorisation accordée par l'auteur le 2 mai 2006 de diffuser ce texte dans Les Classiques des sciences sociales.]

Introduction

" Les médias communautaires, la voie d'accès des citoyens à l'espace public, font partie des outils dont nous avons besoin pour assurer le renouveau et la vitalité démocratique nécessaires à nos sociétés en profondes transformations." Florian Sauvageau, Actes du Colloque du Forum montréalais pour une télévision communautaire " La TVC de Montréal: une télévision à réinventer", 1993.

 

En juillet dernier, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a refusé d'augmenter la puissance de fréquence de la radio communautaire CIBL-FM et il a confirmé un nouveau cadre réglementaire qui n'obligera plus les câblodistributeurs à offrir la télévision communautaire. Une réponse positive aurait permis à CIBL de se doter d'une qualité de réception comparable à celle d'une Société Radio Canada commercialisante et à celle des radios privées commerciales, elle aurait favorisé un meilleur repérage de son signal et une plus grande accessibilité aux citoyens de son territoire. Cette décision confine à un statut de marginalité dans un espace de foisonnement des médias de communication. En supprimant d'autre part l'obligation des câblodistributeurs d'offrir la télévision communautaire, le CRTC a donné à ceux qui décideront de la maintenir (pour le temps que cela fera leur «affaire» !) une occasion marchande de lui imprégner les couleurs d'un nouveau «service spécialisé de programmation locale» [1]. Un service de mise en spectacle du monde ordinaire local conçu à la manière des télévisions conventionnelles et sans participation des citoyens aux décisions; dévoué à la promotion de leur image corporative et de leur service de base dont la rentabilité sera évaluée à l'aune des cotes d'écoutes et de la rentrée de nouveaux abonnés. En choisissant ici de supprimer l'obligation de l'un plutôt que d'imposer à tous les nouveaux venus dans le champ de la distribution une responsabilité citoyenne, le CRTC consacre l'hégémonie de la logique de marchandisation sur la notion de «service public» en matière de politique de communication et fait de celle-ci une affaire de commerce. 

Pour le CRTC, le principe du droit d'accès des citoyens au système de la radiodiffusion canadienne est subordonné à une simple logique de consommation et d'avantage concurrentiel. Il ne relève que des vertus de l'autoréglementation et de la bonne conscience citoyenne de l'industrie. Alors que la qualité de la vie démocratique ne peut aujourd'hui se passer des médias, l'espace public des communications est transformé en un territoire contrôlé et «réglementé» par les seules corporations privées qui, on le sait, ont d'autres préoccupations et échappent totalement au pouvoir des citoyens. 

Les récentes décisions du CRTC que confirme la politique canadienne des communications, les transformations structurelles, technologiques et qualitatives que connaît le paysage médiatique appellent une mise à jour de la réflexion dans le champs des médias communautaires. Il y va, me semble-t-il, de leur survie politique et économique comme de leur raison d'être. Après quelques trente ans d'existence, la radio et la télévision communautaires [2] sont plus que jamais forcées de faire un examen critique et d'innover pour assurer la présence d'alternatives nécessaires aux silences qui enveloppent la parole citoyenne et l'expression des dissidences dans un paysage de concurrence médiatique sans borne où la concentration des médias et de la presse d'information fait maintenant la loi. Plus que jamais, peut-être, notre société a besoin de médias communautaires qui s'affirment comme des «médias citoyens» dans le Club Price des «médias commerciaux».


[1] C'est ainsi que la compagnie Vidéotron nomme le développement qu'elle tente actuellement de donner à son «réseau national de TVC». Après en avoir amélioré et uniformisé «l'habillage technique et visuel» , elle en a centralisé les décisions de programmation et la production à Montréal. Les sondages déterminent ses choix plutôt que des représentants de citoyens auxquels elle ne consent qu'un rôle consultatif épisodique. La majorité de ses émissions est produite par ses employés et des contractuels auxquels s'ajoutent des bénévoles. Son budget est principalement investi dans des «productions maisons» et ne laisse pas d'espace à l'animation et à la formation des citoyens de la «communauté» qui souhaiteraient librement initier eux-mêmes des projets. Un mixte d'émissions de service, de loisir-bricolage et d'information caractérise la programmation. C'est une télévision passive et gentille où l'on voit du «monde ordinaire» qui ne dérange personne. Exception faite de quelques émissions d'information, l'ensemble de la programmation n'a en fait de local que la couleur de ceux qui y participent. C'est une autre façon de faire qui donne l'illusion que la télévision est «proche de nous».

[2] Le Québec compte 24 stations FM de radio communautaire membres de l'Association des radiodiffuseurs communautaires du Québec et 33 télévisions communautaires dont 26 appartiennent à la compagnie Vidéotron.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 23 décembre 2006 8:42
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
 



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