RECHERCHE SUR LE SITE

Références
bibliographiques
avec le catalogue


En plein texte
avec Google

Recherche avancée
 

Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF

Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
 

Collection « Les sciences sociales contemporaines »

“Morphologie sociale québécoise en mutation: esquisse à main levée” (1986)
De quelques préalables


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de M. Marc-Adélard Tremblay, Morphologie sociale québécoise en mutation : esquisse à main levée”. Un article publié dans l'ouvrage intitulé La morphologie sociale en mutation au Québec. Les Cahiers de l'ACFAS, no 41. Textes publiés sous la direction de Simon Langlois et François Trudel, pp. 13-33. Actes du colloque annuel de l'ACSALF, 1985. Montréal : ACSALF, 1986, 349 pp. [M Marc-Adélard Tremblay, anthropologue, retraité de l’enseignement de l’Université Laval, nous a accordé le 4 janvier 2004 son autorisation de diffuser électroniquement toutes ses oeuvres.]

De quelques préalables (1)

Je suis conscient que le terrain d'observation sur lequel on me demande de m'aventurer - les mutations de la morphologie sociale au Québec - comporte une physiographie accidentée et recèle des obstacles multiples qui nécessitent l'utilisation de moyens novateurs de déplacement pour accéder aux lieux connus comme aux endroits inexplorés. La thématique du changement, des transformations et des mutations n'a cessé de préoccuper les spécialistes des sciences sociales, lesquelles firent leur apparition à une période historique de relative stabilité sociale. Aussi, se penchèrent-elles sur des traditions et des institutions séculaires afin de mieux comprendre comment s'effectuaient, d'une génération à l'autre, la transmission des coutumes et la reproduction intégrale des pratiques culturelles. Mais avec l'avancement technique et la révolution industrielle, avec la croissance des villes, les contacts de civilisation et la diffusion des valeurs et avec l'apparition d'une culture de masse à l'échelle du village planétaire, le thème de la dynamique sociale est devenu, au fil des ans, l'objet principal de nos observations, de nos analyses et de nos interprétations à la lumière d'une multitude de paradigmes et de perspectives théoriques concurrentiels. Il y eut une telle prolifération de ces études dynamiques que la notion de changement en vint à faire l'objet de contestations de la part de praticiens de certaines disciplines sociales. Je ne saurais, aujourd'hui, dénouer la crise épistémologique dont ce concept a fait l'objet. Toutefois, en construisant quelques vignettes sur la dynamique sociale d'ici, je révèlerai quelques pistes d'observation susceptibles de générer des regards suggestifs sur l'espace socio-culturel québécois.

Qu'il soit diachronique ou synchronique, qu'il obéisse à des pressions exogènes ou à des forces internes, qu'il se produise sur une courte période selon un tempo accéléré ou sur une longue période selon un rythme lent, le changement est invariablement un produit de l'histoire. Alors que les transformations à longue portée sont vraisemblablement structurelles et prévisibles, celles qui surgissent brusquement, dans des univers sociaux restreints, résultent d'une conjoncture particulière. Ces dernières ont tendance à être aléatoires, donc imprévisibles. Cette distinction entre changements structurels et conjoncturels, avouons-le, est simpliste quant à sa conceptualisation, mais d'une grande utilité dans une stratégie opérationnelle que je m'apprête à expliciter.

Je m'intéresserai plus particulièrement aux changements structurels, tout en étant conscient que les conjonctures peuvent acquérir un caractère de permanence relative. Cet objectif analytique m'obligera à braquer ma lunette d'approche sur la globalité bien que je sache que celle-ci n'est vraiment saisissable que par le truchement de ses parties constituantes, lesquelles sont en interrelations et interréactions. Toute analyse, est-il nécessaire de la rappeler, est sélective. La mienne le sera d'autant plus qu'elle prend la forme d'une esquisse à main levée, dont le tracé et les contours représentent mes perceptions et mes compréhensions des tendances structurelles. Mes intérêts de recherche me poussent à examiner de plus près les changements morphologiques susceptibles de modifier l'avenir de la collectivité québécoise. De plus, on s'attend à ce que j'effectue une synthèse et que les principaux éléments sur lesquels celle-ci se fonde puissent stimuler les discussions. C'est un mandat ambitieux, voire téméraire. Toutefois, ayant l'assurance qu'il y aura dans ce casse-tête à reconstituer des pièces manquantes et des pièces placées au mauvais endroit, je ne doute point que mes propos constitueront "une matière à discussion".

J'affronte une deuxième difficulté. Quelle méthodologie doit m'inspirer afin que je puisse choisir des indicateurs valides et fiables des changements morphologiques en cours de réalisation? J'annonçais mes couleurs au début. Tout en ayant recours à mes connaissances d'observateur des réalités québécoises, je ferai appel aussi à mon vécu et à mes intuitions, cherchant à réconcilier le tout pour qu'émergent les dynamismes infrastructurels. Si j'identifie des transformations qui suscitent des questionnements et provoquent des difficultés de réajustement, tant dans les institutions et les réglementations que dans les conduites collectives, je me garderai bien d'en suivre les trajectoires, même si, pour emprunter aux prospectivistes, des tendances lourdes et des faits porteurs d'avenir me frappent. Je ne saurais, non plus, mettre à découvert les répercussions qu'elles sont susceptibles d'entraîner à brève et longue échéance.

À l'intérieur des frontières tracées et des balises placées, voici les pièces centrales de l'ébauche que j'entends dessiner. Mon propos portera d'abord sur une problématique de changement d'inspiration systémique. Suivra chacune des pièces constitutives de l'esquisse générale, c'est-à-dire, les vignettes auxquelles je référais plus tôt. Les composantes de cette mosaïque culturelle auront pour titre: (a) la portée sociale des nouvelles technologies; (b) les nouveaux tracés de la pyramide démographique; (c) les remaniements dans le profil des institutions ethniques des Québécois francophones ; (d) la mouvance des structures et pratiques économiques; (e) les mutations étatiques et politiques; (f) l'émergence de nouvelles appartenances et solidarités; et (g) les axes de l'éveil amérindien. Les limites de temps m'empêcheront d'examiner les tiraillements et les soubresauts dans le régime de santé, les piétinements de la réforme scolaire, les réorientations du contrôle social (BARITEAU et alii 1984), le bourgeonnement de l'information et les promesses de l'espace nordique (Canadian Arctic Resources 1985). Le tour d'horizon projeté demeure ambitieux, même si il ne comporte pas de conclusion. Celle-ci représenterait un parachèvement de l'analyse qui n'existe tout simplement pas!


Note:

(1) La création, l'entreposage, la sélection, la transformation et la distribution de l'information.


Retour au texte de l'auteur: Marc-Adélard Tremblay, anthropologue, retraité de l'Université Laval Dernière mise à jour de cette page le Lundi 25 avril 2005 19:50
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
Membre Crossref